Les colonnes du temple ont vibré jeudi soir à la Place des Arts à l’occasion de la visite du groupe français Louise Attaque, qui était de retour à Montréal pour la première fois depuis 2016, où Gaëtan Roussel et ses complices étaient venus là encore dans le cadre des Francofolies.

Cette fois, ils ont traversé l’Atlantique pour présenter leur plus récent élan créatif – l’album Planète Terre est sorti en novembre dernier –, mais c’était aussi pour étirer les célébrations entourant les 25 ans de leur premier album homonyme sorti en 1997, qui est à ce jour l’album le plus populaire par un groupe français, avec près de trois millions d’exemplaires vendus.

Bien honnêtement, on doutait au départ de la configuration de la salle Wilfrid-Pelletier, en regardant tout le monde assis bien sagement au parterre du plus grand amphithéâtre de la Place des Arts. Parce que Louise Attaque, c’est d’abord et avant tout le souvenir de pistes de danse endiablées où tout le monde criait à tue-tête des paroles désormais inoubliables.

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Louise Attaque à la salle Wilfrid-Pelletier pour les Francos.

Le doute s’est évaporé dès les premiers accords d’Amours ; avant même que Gaëtan Roussel ne s’empare du micro, la foule était déjà sur ses pieds, au balcon comme au parterre. « On vient ici depuis 25 ans, et malgré que l’on soit à 5000 kilomètres de la maison, vous nous faites sentir comme chez nous ! », a lancé le chanteur et guitariste avant d’annoncer que le groupe allait jouer son premier disque au complet ou presque – seuls La brune et Tes yeux se moquent ont passé au couperet. La foule déjà conquise n’en demandait pas tant. Près de nous, deux jeunes femmes – la jeunesse étant bien sûr dans l’œil de celui qui regarde – chantent à tue-tête en se lançant des regards complices, on parie qu’elles ont fait la même chose il y a 20 ans dans un club de la rue Saint-Denis.

Dans la foule, quelques touches de gris, une très forte concentration de représentants de la génération X, certains ayant traîné avec eux leurs rejetons, ainsi que des expatriés de l’Hexagone, qui profitent de l’un des rares spectacles de Louise Attaque en 2023 en dehors de la France.

En première partie, un quatuor formé de jeunes musiciens québécois du groupe Allô Fantôme, soit la moitié de l’effectif habituel, avait eu la lourde tâche de réchauffer la scène avec sa pop baroque, un défi colossal difficile à relever considérant l’énergie qui allait être déployée par leurs aînés français.

Intemporel

Sur la scène, la musique du groupe n’a pas pris une ride, la voix de Gaëtan Roussel est aussi caractéristique et aussi puissante qu’il y a 25 ans – il aurait pourtant pu se la couler douce et laisser le travail à la foule, tellement on chantait dans les tribunes. C’était particulièrement touchant sur Léa.

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Le bassiste de Louise Attaque, Robin Feix

La deuxième partie du spectacle a démarré avec l’ajout de deux musiciens masqués le temps d’une chanson, la pièce-titre du nouvel album Planète Terre. La guitare électrique et le clavier sont venus ajouter du muscle aux nouvelles offrandes de Louise Attaque, bien accueillies par un public qui a suivi avec plaisir, notamment sur la dansante La frousse.

Les moments les plus intenses du spectacle sont arrivés un peu plus tard, avec des pièces d’À plus tard crocodile, troisième album du groupe lancé en 2005. Si l’on marchait jusqu’à demain, bonifiée d’un second percussionniste, a été percutante à souhait, alors que Si c’était hier s’est avérée la plus rock, Roussel troquant son inséparable guitare acoustique pour une six cordes électrique. Seule pièce tirée de Comme on a dit, Tu dis rien a conclu le spectacle en force avec une relecture teintée d’accents technos qui s’est abattue sur la foule telle une véritable décharge électrique.

Le rappel, assez court en titres, a toutefois été un merveilleux exemple de générosité, le groupe jouant à nouveau Je t’emmène au vent, mais cette fois en formule déambulatoire, en contournant tout le parterre de la salle Wilfrid-Pelletier.

Tout le monde a quitté la salle le sourire aux lèvres, avec des chansons plein la tête.