À l’approche de la cinquantaine, Rufus Wainwright renoue avec la musique qui a nourri son enfance : le folk. Avec la conscience d’être né dans un milieu musicalement privilégié et des invités qu’on trouve sur des listes VIP.

Le folk, Rufus Wainwright est tombé dedans quand il était petit. Ses deux parents, Kate McGarrigle et Loudon Wainwright III, étaient des icônes du genre dans les années 1970. Il a donc passé certains étés de son enfance à en être nourri alors que ses parents se produisaient dans des festivals. D’où cette idée qu’il est issu d’une aristocratie du folk — la « folkocracy » du titre, donc — et son envie de rendre hommage à cette musique populaire dont il a une vision très large puisqu’il reprend aussi (et magnifiquement) un lied de Schubert (Nacht Und Träume).

Le folk, dans l’esprit de bien des gens, appelle un instrument fétiche : la guitare. Il y en a, bien évidemment, sur Folkocracy, encore une fois réalisé par Mitchell Froom, collaborateur de longue date du chanteur et compositeur montréalais. Il pourrait difficilement en être autrement lorsqu’on reprend un classique de Neil Young comme Harvest, qu’il chante ici élégamment en trio avec Andrew Bird et Chris Stills, un autre aristocrate de la musique, ses parents étant Stephen Stills et Véronique Sanson. Tout au long de l’album, l’accompagnement musical est assez économe, faisant parfois de la place au banjo, à l’accordéon et parfois au piano.

Christ Stills chante aussi sur Twelve-Thirty (Young Girls Are Coming to the Canyon) de The Mamas & The Papas, titre sur lequel apparaissent également Susanna Hoffs des Bangles et Sheryl Crow. Au fil du disque, on entend aussi Brandi Carlisle, David Byrne et Chaka Khan. L’idée d’aristocratie du folk se traduit aussi par le choix du répertoire, qui inclut notamment une chanson de Peggy Seeger (demi-sœur de Pete Seeger) et Van Dyke Parks (Black Gold) avec… Van Dyke Parks. Rufus glisse aussi une version particulièrement touchante de l’une des siennes, Going to a Town.

Entendre Rufus chanter ces chansons-là rappelle certains de ses plus vieux morceaux, mais surtout le ton des réunions du clan McGarrigle autour de classiques, dont l’album The McGarrigle Hour (1988) témoigne. Il y a dans Folkocracy de la retenue (si, si, Rufus en est parfois capable) et surtout une envie forte de rendre justice à l’essence des morceaux choisis. Le disque s’achève en beauté avec Wild Mountain Thyme, qui réunit justement sa famille musicale : sa sœur Martha, sa tante Anna, sa cousine Lily, sa demi-sœur Lucy et Chaim Tannenbaum, ami de longue date du clan.

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Folkocracy

Folk

Folkocracy

Rufus Wainwright

BMG

8/10