(Paris) « Je n’ai réussi qu’à 27 ans, Jim Morrison (The Doors) est mort à cet âge », fait remarquer à l’AFP Noel Gallagher (ex-Oasis), qui sort un nouvel album solo inspiré par son parcours, épaulé notamment par Robert Smith (The Cure).

Le guitariste et chanteur, qui vient d’avoir 56 ans, revient sur ses années avant la gloire avec Oasis (premier album en 1994, implosion en 2009) dans Council Skies, morceau-titre du disque plein de charme qui paraît vendredi.

« Le train qui n’arrive jamais, dans la chanson, c’est la métaphore des opportunités manquées. Je n’ai réussi qu’à 27 ans, Morrison est mort à cet âge », déroule celui qui se produit sur scène accompagné de ses comparses des High Flying Birds.

Avant Oasis, à Manchester, sa ville natale, en dehors de lui et son frère Liam, personne ne croit en eux. Sauf Johnny Marr (ex-The Smiths), à qui Noel avait pu faire écouter une « démo » (premier jet de chansons).

Ils sont amis depuis cette époque, l’aube des années 1990. Et Marr place d’ailleurs aujourd’hui ses accords de guitare sur trois titres de Council Skies, dont Pretty Boy.

« Je peux appeler Johnny et lui dire “qu’est-ce que tu fais la semaine prochaine ?”. Et il vient au studio, joue quelque chose, il est foutrement incroyable. Il a le Saint-Esprit en lui », lance Gallagher.

« Je serais Neil Young »

Une autre fée de la musique britannique, Robert Smith, s’est penchée sur Pretty Boy. Le chanteur de The Cure a réalisé un remix du titre. « J’ai juste réussi à obtenir son courriel, je ne l’ai jamais rencontré, je ne le connais pas, je lui ai juste envoyé le morceau. Et j’étais convaincu qu’il le jetterait immédiatement ». « Il se trouve qu’il a adoré. C’est genre “waouh” », savoure Noel, rencontré à Paris.

Le guitariste est toujours surpris d’entendre des artistes qu’il vénère encenser Oasis : « Bob Dylan en a parlé dans une entrevue, putain, c’est ultime, il a entendu parler de ce groupe et dit qu’il aime ».

En faisant le tour des héros de son panthéon, l’aîné des Gallagher lâche aussi : « Si je pouvais être quelqu’un d’autre, je serais Neil Young, une vraie légende ». Et de se remémorer cette soirée de 2001 quand Oasis et le « Loner » s’étaient partagé une scène à Paris.

Quand on l’interroge sur ses concerts marquants en France, il cite évidemment, mais dans un sourire, cette « nuit catastrophique où Oasis s’est séparé ». C’était en 2009 au festival Rock en Seine. C’est l’orage de trop entre Liam et Noel dans les loges, avec une guitare brisée à la clé. La foule qui attend le concert des vedettes de la brit-pop apprend alors, ébahie, leur séparation par un message du festival.

« Une guitare de merde »

Retrouvée et réparée, la fameuse guitare a été vendue aux enchères en mai 2022 dans la capitale française (pour 385 500 euros, frais compris, soit 560 000 $). « Cette guitare, je l’avais achetée à Paris, quelque part à Pigalle. Et je n’ai jamais rien composé de bon avec. Je détestais cette putain de guitare », commence Noel.

« Si une guitare devait être sacrifiée cette nuit-là, c’était bien celle-là », s’amuse-t-il. « Un gars me l’a achetée, elle était en morceaux. Bien sûr, je n’ai jamais cru qu’il la réparerait et il l’a fait. Alors bonne chance à celui qui l’a eue. C’est une guitare de merde (rires) ».

Depuis cette soirée électrique de 2009, Liam et Noel ne se parlent plus. Au grand dam des fans d’Oasis qui rêvent d’une reformation. Surtout que 2024 sera l’année des 30 ans de Definitely Maybe, album originel porté par le succès Supersonic.

Noel ne prononce d’ailleurs pas le prénom Liam une seule fois pendant l’entrevue. Et ce dernier crache son venin sur son frère sur les réseaux sociaux… Pendant ce temps, c’est Blur, autre fleuron de la brit-pop des années 1990 qui se reforme pour une tournée et un disque cet été.