Toujours en quête de vérité et de profondeur après plus de 30 ans de carrière, Arthur H lancera vendredi La vie, un 17e album dans lequel il célèbre… la vie.

« J’ai un peu un passif à régler, glisse Arthur H en souriant. Mon précédent disque s’appelait Mort prématurée d’un chanteur populaire dans la force de l’âge, qui est un titre assez morbide. Alors la vie m’a demandé personnellement de rétablir l’équilibre ! »

Le plus libre des auteurs-compositeurs-interprètes français nous parle en visioconférence de La Rochelle, où il fait une résidence pour monter son nouveau spectacle. Ce « disque-film » est une traversée, mais surtout une célébration de la vie, explique-t-il, « avec tous ses immenses paradoxes, ses tensions, ses incohérences, sa complexité inimaginable ».

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« Au départ, je n’étais pas satisfait du titre, je trouvais ça trop simple et général. Puis à un moment, je l’ai vu comme une pulsion de vie. Cette nécessité de célébrer la vie dans un sens lumineux, versus la pulsion de mort, qui aujourd’hui nous travaille et qui travaille la société. Je trouvais qu’il y avait un choix à faire d’être du côté de la vie. »

La vie est un appel à saisir l’instant – « Ce que tu dois vivre/vis-le », chante-t-il dans la très belle La route –, un encouragement à se libérer de nos chaînes, volontaires et involontaires, à voir le beau comme le moins beau et à le transcender. « Quand on essaie de cultiver un amour immodéré de la vie, tout est utilisable, transformable. » Et tout devient matière à histoire si on a « la chance ou la malchance d’être un artiste ».

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Le pouvoir des mots, Arthur H y croit « très fort ». « Depuis 15 ans, je me suis rendu compte que les histoires, la poésie, peuvent nous transformer de manière concrète. »

Les textes des chansons ont été écrits en collaboration avec son amoureuse, l’artiste visuelle Léonore Mercier, qui l’a poussé dans ses retranchements, raconte-t-il. « Elle avait un regard sans pitié pour ce qu’elle considérait comme des faiblesses. Pour qu’il n’y ait pas un mot qui ne serve pas l’histoire. »

Abandon

Qu’il s’inspire d’un conte russe ou de son amitié avec l’iconoclaste Brigitte Fontaine – une funambule de la chanson, comme lui –, d’un musicien du Titanic qui joue « au bord du précipice » ou d’une crise amoureuse, Arthur H suit le fil de la vie à la mort et de tout ce qu’il y a entre les deux. Sa quête est métaphysique, oui, mais il s’intéresse davantage à la manière de transmettre concrètement les émotions qu’à trouver des réponses.

On est dans un bain métaphysique, qu’on le veuille ou non ! On peut vivre dans une distraction perpétuelle. Mais ce n’est pas satisfaisant.

Arthur H

On ne sait pas grand-chose de la signification de notre passage sur Terre, souligne Arthur H. Mais tant qu’à « être dans ce processus incroyable, parfois complètement douloureux, parfois extrêmement joyeux », il vaut mieux célébrer ce mouvement.

La musique en est le véhicule parfait, cette « nourriture impalpable » destinée « au cœur, à l’esprit et au ventre ». « Mais pour que ça nourrisse, il doit y avoir quelque chose de spontané, de libre, de fluide. Sinon, c’est un produit. Du junk food. »

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Avec sa profondeur et ses multiples couches musicales, La vie est le contraire d’un album fait vite. On y retrouve des musiciens venus du jazz, de la harpe et de la clarinette, des arrangements de cordes, des instruments étranges et vaporeux – Ondes Martenots et Cristal Baschet – qui donnent à l’ensemble une aura aérienne et mystérieuse.

Le tout a été mixé à Montréal par son ami Jean Massicotte, parce que le musicien avait besoin de l’atmosphère particulière de cette ville qu’il aime tant. « Il y a une approche du son qui n’est pas la même qu’en France, une autre façon d’écouter. Quand je suis à Montréal, quelque chose en moi se détend à l’intérieur. »

Dans cette « forêt sonore », où on peut pénétrer et « éventuellement se perdre un peu », le chanteur, lui, s’abandonne comme rarement. « Oui, c’est une quête que j’ai. De m’abandonner. D’être à l’intérieur du son. De faire une musique très fluide. C’est une étoile, quelque chose qui m’attire. Dans le meilleur des cas, on s’en approche, j’espère en tout cas m’en être approché sur ce disque. »

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Depuis plus de 30 ans, Arthur H explore et cherche. Il continue son chemin sans se plier aux courants dominants, et ce long album concept de 12 chansons est une forme de résistance face à la rapidité de l’époque.

La musique est un voyage, et un voyage, ça demande un peu de temps. Pour que le temps puisse se dilater, il faut qu’il existe.

Arthur H

Arthur H viendra présenter son spectacle à Montréal l’été prochain, mais sans tout l’enrobage qui l’entoure, même si ça lui « fend le cœur », parce que les coûts de déplacement sont rendus trop élevés. Il souhaite à son album d’être « un objet magique qui puisse, pendant un moment, transformer les endroits où on l’écoute ».

« Je lui souhaite de faire un grand voyage dans tous les espaces et les cœurs possibles. »

La vie

La vie

Arthur H

Naïve
Disponible le 17 février