Le deuxième album peut marquer le vrai début d’une carrière. Quelques fois, c’est celui qui lance vraiment un artiste vers son public (Marie-Pierre Arthur, Dumas, Avec pas d’casque, Vincent Vallières…). Madame Autruche est rendue à cette étape importante et offre son deuxième opus, magnifiquement titré Réveillez-moi quand il fera beau, alors que sévit le froid de janvier.

Qui ? Madame Autruche. Ce nom de scène qui frappe l’œil, c’est celui de Mélisande Archambault. Celle qui a œuvré dans les collectifs Les Royal Pickles, Groenland et Canailles s’est avancée une première fois au-devant de la scène en 2019, avec l’album Les pentes glissantes, avant d’enchaîner les présences dans les festivals — Coup de cœur francophone, Granby, puis les Francouvertes.

En ce début de 2023, elle reprend le micro et offre ce Réveillez-moi quand il fera beau. À la réalisation, le travail de Tonio Morin-Vargas (Bon Enfant, Olivier Bélisle) a porté ses fruits. Madame Autruche chante sur des airs sixties où les instruments — principalement des guitares électrique et glissante, un orgue et une batterie — rappellent la pop-rock joyeuse de la fin de cette décennie marquée par l’amour libre. Le plagiat est bien fait.

Au fil des écoutes, des pièces se démarquent du lot. On pense surtout à Veux-tu danser ? qui s’élève, à notre humble avis, au-dessus des huit autres pièces de ce court album de 34 minutes par son originalité.

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Sur des notes sombres d’un piano et d’une basse, Madame Autruche slame dans nos oreilles — en bégayant — son désarroi amoureux, portée par une guitare grasse — qui rappelle le travail de Fred Fortin : « Décolle donc de sa bouche, chancelante, exaltante, excitante, souriante / Hante mes pensées / Serre-moi donc / Donne-moi c’que tu peux pas m’donner. »

On aurait pris plus de compositions de cet acabit : il nous semble en effet que c’est dans cette formule que la voix de Madame Autruche — qui manque de tonus, disons-le — est la mieux exploitée.

Les amours perdus sont au cœur des thèmes déployés par l’autrice-compositrice. Ils sont espérés. Désirés… mais rarement possibles. Il ne faut pas se fier aux sonorités bon enfant qui tissent la toile musicale de ce disque : l’artiste n’a pas l’amour facile ni heureux (« J’suis là à me battre / Pour que le feu reste allumé / Même si le bois est à moitié mouillé », constate-t-elle sur la pièce Lucioles).

On souhaite donc à Madame Autruche de trouver quelques moments de bonheur auprès de son public, celui qui découvrira l’artiste grâce à ce deuxième album, marqué par de solides compositions et des textes imagés.

Réveillez-moi quand il fera beau

Folk rock

Réveillez-moi quand il fera beau

Madame Autruche

Madame Autruche

6,5/10