C’est le titre d’un vieux chant populaire français. La phrase complète : « Réveillez-vous, cœurs endormis, le Dieu d’amour vous sonne. »⁠1

Dans deux semaines, ce sera la Saint-Valentin, et vous soupirez à l’idée qu’il faudrait peut-être envisager un repas au restaurant ? Vous avez raison : penser qu’un menu générique, avec des jeux de mots comme « Cupi-thon », sortira votre relation de la routine, c’est gênant plus que romantique.

Et vous le savez comme moi, la boîte de chocolats, la carte convenue, ça ne le fera pas non plus.

Parlons-en à l’avance, ça vous laisse du temps pour secouer votre cœur par la musique.

Évidemment, elle trace des chemins bien différents chez chaque personne.

Si mes propositions musicales ne font pas battre votre cœur, il y a certainement une révélation qui vous attend ailleurs : ça vaut la peine de chercher.

On encapsule souvent un souvenir amoureux dans une ballade de quatre minutes. Dès les premières notes, clic ! l’émotion surgit comme un réflexe.

Pour les chansons, le lien se fait souvent avec le début ou la fin d’une histoire d’amour : les premiers émois, le poids insoutenable de la perte.

En guise de ballade, voici un air célèbre de Handel, Eternal source of light divine. À l’origine, la voix dialogue avec une ligne de trompette d’une beauté minérale. Mais dans cette version récente, l’ensemble Jupiter remplace la trompette par une voix de soprano. Du minéral, on passe au sensuel : le frôlement de deux voix humaines qui se découvrent et s’épousent avec une sensibilité infinie. L’amour naît, incarné par la musique.

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Pour les grands inventaires, la mise à jour d’une relation amoureuse qui dure (ou qui se traîne les pieds), je vous propose de plonger dans un plus long format, de prendre le temps d’être traversé par une histoire racontée sans mots.

Allons-y avec un scénario connu : Roméo et Juliette, dont Tchaïkovski a tiré une ouverture-fantaisie pour orchestre.

Si vous avez joué aux Sims depuis leurs débuts, vous en connaissez le grand thème d’amour.

Mais l’œuvre complète vaut le détour. Votre couple est amoureux mais souvent conflictuel ? Offrez-vous un drame beaucoup plus grand que le vôtre. Des familles ennemies, des combats à l’épée, de la passion. Chaque fois qu’on pense que l’amour triomphe, voilà une nouvelle charge, et le cœur galope, s’affole.

Amour et drame s’entrechoquent. Juste avant la fin, on croit avoir trouvé l’équilibre, on entend un genre de cantique tranquille, chanté par les vents : malheureusement, chez Tchaïkovski, comme chez Shakespeare, c’est la mort choisie (par erreur !) qui termine l’histoire. Mais vous n’irez pas là : « l’amoureux qui se suicide après avoir trouvé son amoureuse faussement morte qui se suicide à son tour en se réveillant de son coma artificiel », même Marc Labrèche n’est pas allé aussi loin dans Le cœur a ses raisons.

Pour évoquer le journal intime d’une relation moins dramatique, je vous propose une forme toute simple, « thème et variations ». Le sujet reste le même, mais la couleur du jour marque chaque page : sereine, fébrile, passionnée, inquiète, rassurée, tout un cycle de vie auquel on peut s’identifier dans d’innombrables œuvres en forme de thème varié.

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Une relation amoureuse, c’est un tissu composé de fibres différentes – moi et l’autre –, tissé de façon irrégulière ; plus ou moins extensible, plus ou moins souple ou rugueux par périodes.

La musique a le pouvoir de dérouler ce tissu dans le temps, d’évoquer les cycles et les métamorphoses d’un amour au long cours, ses fragilités, ses remontées en force.

Si vous avez besoin d’un bilan intérieur de l’effet du temps qui passe, abandonnez-vous à cette Fantaisie pour cordes, de Ralph Vaughan Williams.

Avec plus de trente instruments à cordes répartis en trois groupes qui se répondent ou unissent leurs voix, l’œuvre forme un tissu organique et riche. Mais sa matière s’amincit par moments, se tend, frôle la rupture, la disparition, puis elle retrouve de la densité, du moelleux, des moments d’extase. C’est l’amour qui dure, passant de la clarté à l’obscurité, retrouvant la lumière, retrouvant le fil de ses origines et le tissant encore plus loin, avec soin.

Mais la pièce se termine, et même cette fin porte un sens.

⁠1. De ce chant populaire, Clément Janequin a tiré, au XVIe siècle, Le chant des oiseaux. Pas vraiment un chant d’amour ; il s’agit plus d’une pièce virtuose où les voix imitent tout un catalogue d’oiseaux. Étonnant pour l’époque.

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