Été ne rime pas tellement avec vacances pour Yannick Nézet-Séguin. Ses nombreuses activités à l’étranger ne l’empêchent pas de revenir au Québec pour trois semaines on ne peut plus intenses.

On se rappellera que le chef montréalais avait dû annuler certains engagements pour prendre quelques semaines de repos forcé au début de l’année. « Il fallait absolument que je m’accorde quelques semaines, assure le principal intéressé. Quand on est directeur artistique, on a le devoir d’être en santé pour ne pas mettre les institutions dans le trouble à la dernière minute. Mais ça a porté ses fruits parce que je suis maintenant très en forme ! »

En forme, il fallait l’être pour donner pas moins de six concerts au Festspielhaus de Baden-Baden, en Allemagne, du 8 au 17 juillet. Là l’attendait, pour un cycle Brahms, l’Orchestre de chambre d’Europe, avec qui il vient de faire paraître une intégrale Beethoven déjà plébiscitée.

Premier arrêt du chef en revenant au Québec : le Domaine Forget de Charlevoix, où il a donné un cours de maître en direction d’orchestre à 13 stagiaires de partout en Amérique — « une belle première fois qui va, je l’espère, perdurer », indique le musicien. Il a en outre dirigé son orchestre pour un concert dont nous avons rendu compte dans La Presse lundi dernier.

Mais pour l’Orchestre Métropolitain (OM), l’été rime surtout avec concert au mont Royal, tradition au long cours interrompue par la pandémie que l’orchestre reprend mardi prochain.

Comme en 2019, c’est au pied de la montagne et non à son sommet, comme il a été longtemps de coutume, que la formation se produira. « Cela avait été l’objet de beaucoup de discussions, se souvient Yannick Nézet-Séguin. Moi, je trouvais cela déchirant parce que la beauté du sommet, c’était quelque chose d’absolument unique. Mais c’était devenu carrément un problème de sécurité publique. Le dernier concert qu’on a eu en haut au belvédère Kondiaronk avait créé des problèmes pour la police. Je crois qu’il y a eu 12 000 personnes refusées et 8000 acceptées en haut. »

Finalement, on a tous adoré l’expérience en bas [du mont Royal] avec 35 000 personnes. C’était un moment absolument magique.

Yannick Nézet-Séguin

« J’y repensais beaucoup durant la pandémie et je me disais qu’on ne réalisait pas notre chance à l’époque d’avoir ces grands rassemblements, et c’est pour ça qu’il ne faut plus jamais les tenir pour acquis », ajoute le chef d’orchestre.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

L’Orchestre Métropolitain en concert au pied du mont Royal, en 2019

Le programme, qui comprend des œuvres du Québécois Airat Ichmouratov, de la Française Louise Farrenc et de l’Anichinabée Barbara Assiginaak, en plus de l’incontournable Cinquième symphonie de Beethoven, ne surprendra pas les abonnés du Métropolitain.

J’essaie que nos programmes d’été ne soient pas trop différents de nos programmes en saison. Je trouve important, quand on rejoint des milliers de gens qui ne viennent pas nécessairement en saison régulière, qu’on leur donne des symphonies complètes, qu’on fasse une programmation à l’image de ce qu’on fait en temps normal.

Yannick Nézet-Séguin

Le programme sera réoffert trois jours plus tard au Festival des arts de Saint-Sauveur, un évènement auquel l’orchestre est désormais abonné. « C’est le contraire du mont Royal, c’est très intime, décrit Nézet-Séguin. Comme il y a peu de places, nos présences se vendent rapidement. »

Le chef et son ensemble demeureront dans la couronne nord, puisque le Festival de Lanaudière les attend pour deux concerts pendant le week-end des 6 et 7 août. Un retour après seulement une semaine, puisque l’orchestre y aura joué un programme Rossini le 31 juillet sous la direction de la cheffe française Ariane Matiakh.

Au menu de ces deux journées mettant un point final à la cuvée 2022 du festival : le premier acte de La Walkyrie de Wagner en version de concert d’une part, et un programme Schumann-Mendelssohn d’autre part. « Ces programmes me font penser à ceux qui m’inspiraient beaucoup dans ma jeunesse quand j’allais au Festival », confie le musicien, qui aime se remettre en mémoire la fastueuse époque où le père Fernand Lindsay tenait les rênes de l’organisation.

« Si je regarde la distribution de La Walkyrie, je viens tout juste de faire le même acte avec deux des trois chanteurs [Christine Goerke, Brandon Jovanovich et Franz-Peter Selig] à Carnegie Hall. On peut dire avec beaucoup d’assurance que ce sont les trois meilleurs chanteurs de ces rôles en ce moment dans le monde », certifie Nézet-Séguin.

Le dimanche, c’est sa grande amie, la pianiste Hélène Grimaud, qui fera ses débuts à Joliette avec un de ses concertos fétiches, celui de Schumann. « J’étais très étonné quand j’ai su il y a quelques années qu’elle n’avait jamais joué à Lanaudière, alors on s’est fait un devoir de l’amener là », confie le chef de l’OM, qui ira ensuite rejoindre l’Orchestre de Philadelphie, qu’il dirigera en tournée européenne à la fin d’août.

« C’est sûr que rendu au 10 septembre, je vais être prêt pour quelques journées de repos avant de commencer la saison », admet volontiers celui qu’on retrouvera à la Maison symphonique le 25 septembre.

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