Le centenaire du début de la Grande Guerre inspire les romanciers. En 2013, le Goncourt a été décerné à Au revoir, là-haut, fiction picaresque antimilitariste très réussie de Pierre Lemaitre.

Le propos et le ton adoptés par Jean-Christophe Rufin sont fort différents pour ce court roman (ou longue nouvelle). Marcel Morlac est le seul prisonnier d'un centre de détention de village en 1919. Un juge militaire cherche à comprendre l'acte répréhensible de cet homme décoré pour bravoure, avant de rendre sa décision.

Devant la prison, un chien aboie jusqu'à s'époumoner. Il veille sur son maître reclus. Au fil des jours, le juge parviendra à percer le secret du détenu, non par des méthodes musclées, mais par la patience, l'empathie et l'aveu de ses propres doutes. On découvre alors toute l'importance du chien dans cette histoire qui révèle la monstruosité de ce grand carnage que des initiatives individuelles ont vainement tenté de stopper. Le dénouement étonnant et émouvant serait authentique, assure l'auteur en épilogue. Il en dit long aussi sur l'ambiguïté de l'âme humaine.

Le collier rouge

Jean-Christophe Rufin

Gallimard,156 pages

***1/2