Nancy Huston a un don pour faire se répondre les époques et les lieux. Cette histoire de filiation qui commence lors de la révolte irlandaise de 1914, qui passe par les bas-fonds du Montréal des années 50 et qui se promène jusqu'à aujourd'hui de la Mauricie à New York à Salvador de Bahia, montre qu'elle sait toujours attacher les fils d'histoires éloignées les unes des autres.

On retrouve dans Danse noire ses obsessions plus anciennes sur l'héritage et l'identité, de plus récentes sur la prostitution - probablement les scènes les plus dures qu'on ait lues sur le sujet.

Et encore une fois, l'auteure réussit avec humanité et érudition à dresser le portrait de destins aux prises avec la grande histoire, leurs ambitions et leurs rêves déchus.

Dommage que ces forces soient parfois masquées par des niveaux de narration superflus qui font décrocher le lecteur, tout comme ces interminables notes de bas de page dans lesquelles sont traduits en français des dialogues écrits en anglais.

Étrange choix dans la mesure où il n'est pas constant, et qui enlève beaucoup de fluidité à une lecture autrement passionnante.

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Danse noire, Nancy Huston, Leméac, 336 pages.