Un nouveau livre sur l'écrivain allemand Günter Grass sera publié en mars, sur la base de témoignages d'espions de la Stasi, la police secrète de l'ex-RDA, a annoncé mardi l'éditeur Christoph Links.

Le livre, intitulé en allemand Günter Grass en ligne de mire - les archives de la Stasi, a été rédigé par Kai Schlüter qui a consulté plus de 2000 documents provenant des archives de l'ancienne Stasi et documentant notamment les rapports «d'informateurs non-officiels» (IM), qui collaboraient avec la police secrète, concernant les visites du prix Nobel de littérature en Allemagne de l'est. La Stasi a ouvert un dossier sur Günter Grass en 1961 lorsqu'il a publié une lettre ouverte critiquant la construction du Mur de Berlin la même année.

«Grass était incroyablement connu en RDA (République Démocratique Allemande). Ses livres, dont Le Tambour, y ont été interdits pendant des décennies, mais tout le monde le connaissait. Il se rendait souvent en RDA et les gens le montraient du doigt en disant: "Regardez, c'est Grass"», raconte M. Schlüter.

La Stasi, qui lui avait attribué le nom de code «Bolzen», le suivait partout lors de ses visites en RDA.

Il «était à chaque fois entouré d'espions (...) Tous ses interlocuteurs officiels étaient des IM», que ce soient des écrivains, des gens de théâtre ou des éditeurs, selon M. Schlüter.

«A partir du moment où il passait le point de contrôle de la Friedrichstrasse à Berlin jusqu'au moment où il repartait, il était suivi partout. Il dit ne l'avoir jamais remarqué», a ajouté M. Schlüter dans une interview à la radio.

Tous les témoignages étaient soigneusement notés par la Stasi qui se méfiait particulièrement de l'auteur, âgé aujourd'hui de 82 ans, parce qu'il était social-démocrate et considéré comme potentiellement plus dangereux qu'un écrivain conservateur, selon M. Schlüter.

La Stasi, pour laquelle travaillaient à des degrés divers quelque 300 000 personnes, avait fiché six des 16 millions d'Allemands de l'est et des centaines de milliers d'étrangers.