Harry Potter, c'est comme un endroit où j'aime retourner tous les ans. Je relis les sept tomes de la saga - environ 3500 pages - par nostalgie, mais aussi parce que ça me réconforte.

Il y a quelques années, après une rupture, j'étais vraiment triste et je me suis claqué la série au complet en deux semaines. C'était un vrai marathon! 

Je ne recommande pas aux gens d'être aussi intenses. Moi-même, je préfère espacer les tomes. Mais ça m'a fait du bien. Peu importe où je suis, quand j'ouvre un des tomes, je me crée une espèce de bulle. 

En fait, ça va plus loin que ça. J.K. Rowling a littéralement changé ma vie!

J'ai découvert la série quand j'avais 9 ans, en 1998, peu de temps après sa sortie en français. Ce n'était pas encore le succès que l'on connaît aujourd'hui. Mon père, un grand lecteur, découpait souvent des articles de suggestions de lectures dans les journaux. Il avait vu un petit carré dans un coin de page sur Harry Potter et il m'avait acheté le premier tome pour ma fête. Au début, je n'étais pas certaine que j'allais aimer une histoire de sorciers... mais après trois chapitres, tout a basculé! 

Je me revois encore dans ma petite chambre, quand mon père me disait de venir souper: je ne pouvais pas arrêter de lire! 

Pour la première fois de ma vie, je découvrais un récit dont les héros étaient un peu des marginaux. Je me reconnaissais en eux.

Petite, je me faisais intimider parce que j'étais différente, toutoune, je portais des lunettes et j'étais vraiment bonne à l'école. J'avais deux ou trois amis seulement. Je pouvais donc faire un parallèle direct avec ma vie et l'histoire. Évidemment, je vivais ça à plus petite échelle... Mes parents n'ont pas été tués par Voldemort quand j'étais bébé... mais je trouvais ça inspirant de voir que Harry trouvait sa force dans sa différence. 

J'ai aussi été marquée par Hermione. À sa façon, elle a été mon premier modèle féministe, même si je n'avais pas les mots pour le dire à l'époque. Quand les gens riaient d'elle, elle ne s'en faisait pas, parce qu'elle était certaine d'être à sa place et de faire les bonnes choses. 

Après des années à me faire intimider, la lecture de la série a changé mon attitude. C'est comme si j'avais un club secret avec les personnages et que je me foutais des insultes du monde à l'école.

Évidemment, je voulais tout savoir sur Harry Potter. En faisant des recherches sur La toile du Québec, l'équivalent de Google dans le temps, j'ai découvert une communauté incroyable et des forums de discussion où je passais des heures à discuter, avec des gens du Québec et de toute la francophonie, à propos des théories sur l'histoire. Peu à peu, j'ai noué de vraies amitiés. 

J'ai aussi découvert une quantité phénoménale de fanfictions: des lecteurs qui imaginaient la suite de la série (on était rendu au tome 4) ou des fantasmes d'histoires. Certaines d'entre elles étaient vraiment complexes, avec une soixantaine de chapitres. Puisque les auteurs ajoutaient un chapitre à la fois par semaine, cela créait une anticipation, comme lorsqu'on attend le prochain épisode de notre série préférée. 

Moi-même, j'ai eu la piqûre de l'écriture en essayant de créer mes propres fanfictions. J'en ai écrit plus d'une trentaine. Aucune dont je suis particulièrement fière aujourd'hui, mais c'est quand même ce qui m'a donné confiance pour montrer mes textes à des gens.

Aujourd'hui, j'ai encore un amour immense pour Harry Potter. Je vais non seulement continuer de relire la série chaque année, mais je veux la faire découvrir à mes futurs enfants un jour. En plus d'être une histoire fabuleusement bien écrite, je trouve que la série véhicule de belles valeurs de solidarité et de justice. Je pense même que ça a influencé le chemin que j'ai pris dans la vie, moi qui évolue en travail social. J.K. Rowling a vraiment changé ma vie.