L'artiste dissident chinois Ai Weiwei critique l'attribution du prix Nobel de littérature à son compatriote Mo Yan car il est, selon lui, trop éloigné de la réalité de la Chine d'aujourd'hui.

«Je n'accepte pas l'attitude politique de Mo Yan dans la réalité. C'est probablement un bon écrivain, mais ce n'est pas un intellectuel qui peut représenter la Chine actuelle», a-t-il déclaré au quotidien allemand Die Welt de vendredi.

«Donner le prix Nobel à quelqu'un qui vit éloigné de la réalité est une façon de faire arriérée et dépourvue de sensibilité. Cependant, je le félicite», a-t-il ajouté.

Ai Weiwei dénonce les injustices de la société chinoise à travers ses oeuvres et réclame l'état de droit, ainsi que davantage de transparence.

L'an dernier, il a été emprisonné sans motif pendant trois mois, et condamné, après sa libération, à payer 15 millions de yuans en arriérés d'impôts et amendes.

Le chef de la propagande du parti communiste chinois a félicité Mo Yan, soulignant que son prix démontrait l'influence grandissante de la Chine.

Selon l'agence de presse officielle Chine nouvelle, Li Changchun a écrit une lettre à l'Association des écrivains de Chine dans laquelle il estime que cette accolade «reflète la prospérité et les progrès de la littérature chinoise, ainsi que l'influence grandissante de la Chine».

Mo Yan est membre du PCC et vice-président de l'association des écrivains.

De nombreux quotidiens consacraient leur Une de vendredi au Nobel de littérature. Les médias chinois ont unanimement salué la distinction de Mo Yan, 57 ans, tandis que ses détracteurs lui reprochaient de ne pas affronter plus directement un gouvernement qui censure durement les artistes et punit ceux qui désobéissent.

Ces réactions enthousiastes au Nobel contrastent d'ailleurs avec les vives critiques de Pékin quand le prix de littérature avait été attribué au Français d'origine chinoise Gao Xingjian, en 2000, et surtout quand le Nobel de la paix était allé au dissident emprisonné Liu Xiaobo en 2010.