Le festival littéraire bilingue Metropolis Bleu prend son envol aujourd'hui et se poursuit jusqu'à dimanche avec une foule de rencontres, de tables rondes et de spectacles mettant en scène des dizaines d'auteurs d'ici et d'ailleurs. Cet événement qui s'est toujours démarqué par son ouverture sur le monde présente cette année un intéressant volet cubain, organisé par l'animateur et chroniqueur littéraire Jean Fugère.

«On connaît beaucoup la littérature cubaine comme une littérature de l'exil avec des auteurs comme Zoé Valdés ou Abilio Estévez par exemple, explique Jean Fugère, amoureux de Cuba depuis une quinzaine d'années. C'est une voix qui porte le désenchantement et l'acrimonie, et qui est relayée par les médias. J'ai préféré donner un son de cloche de l'intérieur, avec des auteurs qui ont choisi de vivre là-bas.»

Trois générations d'auteurs cubains ont été réunies par Jean Fugère. D'abord, Eduardo Manet (L'île du lézard vert, Rhapsodie cubaine), qui a quitté l'île avant la révolution, mais qui transmet dans ses livres une nostalgie de son pays. «C'est un Cuba dont on ne parle plus», explique Jean Fugère.

Grosse prise ensuite: l'auteur de polars Leonardo Padura, «aussi populaire là-bas que Michel Tremblay ici» et dont les romans, qui se situent toujours à La Havane, sont lus partout dans le monde. «Padura est né pendant les années 50 et il parle des impacts de la révolution sur sa génération. C'est un auteur qui voyage beaucoup, mais qui revient toujours à Cuba. Il en a besoin.» Finalement, Wendy Guerra, 42 ans, qui est auteure et poète, mais aussi cinéaste, parle de la désillusion de ses parents, certes - son roman Tout le monde s'en va en a éloquemment témoigné -, mais aussi de la vie quotidienne à Cuba.

Écriture et autoritarisme

Difficile, donc, d'être artiste dans un pays autoritaire? «Il faudra le leur demander», répond Jean Fugère, qui constate tout de même «qu'ils arrivent tous à exercer leur métier». S'il a invité ces trois auteurs, c'est justement parce qu'ils parlent d'emblée de politique, du régime castriste et de leurs conditions de vie - Leonardo Padura participe même avec sa femme à une activité de cuisine vendredi soir chez SoupeSoup!

Pour Jean Fugère, on apprend beaucoup sur Cuba par sa littérature, qui est «tout sauf nombriliste», très concrète. «Les écrivains cubains sont aussi des intellectuels qui parlent de leur réalité, de ce qu'ils vivent, de ce qu'ils sont. Ils ne sont jamais dans le ruminement. C'est vraiment l'opposé de l'autofiction.»

Wendy Guerra, Leonardo Padura et Eduardo Manet participeront à de nombreux événements au cours des prochains jours, notamment à une table ronde, dès demain, à la librairie Las Américas.

Aujourd'hui à Métropolis bleu



L'intimidation à l'école vue par Katia Gagnon

La journaliste de La Presse a publié l'an dernier un roman coup-de-poing sur l'intimidation à l'école, La réparation. Elle en parle ce soir lors d'un entretien avec Chantal Guy. Cette rencontre est précédée d'un spectacle de slam avec David Leduc. 17 h 30, au jardin de l'hôtel OPUS

La nouvelle Europe

Une table ronde qui s'annonce passionnante animée par l'écrivain cubain Eduardo Manet sur la crise identitaire européenne. Avec deux écrivaines qui, comme lui, ont choisi la France comme pays d'adoption: la Mauricienne Ananda Devi et la Camerounaise Léonora Miano. 19 h, au jardin de l'hôtel OPUS

Pour plus de détails sur l'horaire de Metropolis Bleu: metropolisbleu.org