Chargé de communication pour le maire de Paris, Mathias Gadara a fait profession d'invisibilité. Aux discours partisans, il préfère écrire ceux qui servent à inaugurer les crèches, cultivant ainsi son absence totale d'ambition. Célibataire, il a trouvé «un moyen d'atténuer la tragédie de l'existence» en rencontrant chaque semaine la même femme, qu'il se refuse à appeler une «relation».

Sa bulle éclate lorsque la violence de la réalité surgit: une riche femme d'affaires africaine, frappée violemment à la tête par un policier, demande réparation. Son voeu est surprenant: voir disparaître Paris! Mathias devra trouver comment résoudre ce souhait énigmatique.

Martin Page parvient à nous emporter dans cette histoire au prétexte un peu bizarre, prenant son temps à mettre en place les plus petits détails de son récit, dans lequel le lecteur prend plaisir à se couler au gré d'un rythme lent. Descriptions précises du rapport d'un homme avec les êtres et les choses qui l'entourent et qui font sa vie, pour qui «la civilisation, telle que je l'entends, repose sur le café et les journaux, et leur parfum», ce conte philosophique et initiatique séduit par une sensibilité et un humanisme lucides.

Solitaire et violent, le monde extérieur est bien là, mais pas à la manière de Houellebecq. Ici, on croit en l'homme et si, à l'instar d'une de ses belles phrases, «parfois, il suffit d'une petite chose pour prendre de la distance avec la dureté du monde; alors temporairement, on est sauvé», cette semaine, cette «petite chose», c'était le roman de Martin Page.

La disparition de Paris et sa renaissance en Afrique

Martin Page

Éditions de L'Olivier

213 pages, 25,95$

*** 1/2