Janette Bertrand, celle qui n'a jamais eu peur de briser des conventions en abordant de front des sujets tabous, présente un deuxième roman intitulé Le Cocon, où elle traite cette fois de la délicate question du suicide.

Toujours mordue d'écriture, la grande communicatrice québécoise qui avait lancé son premier roman Le bien des miens il y a deux ans, après sa biographie, raconte l'histoire d'un acupuncteur qui a perdu goût à la vie à la suite du décès accidentel de sa femme et de ses deux filles au Mexique.

André, qui a 45 ans, n'en peut plus et veut tout oublier une fois pour toutes. Il songe à s'enlever la vie. Il ratera sa tentative de suicide.

«Ce qui m'intéressait là-dedans, a indiqué Mme Bertrand en entrevue, c'est de prendre le suicide à l'autre bout de la lorgnette. Qu'est-ce qui fait qu'une personne décide de se raccrocher à la vie si on ne se suicide pas? Quand tu as perdu goût à la vie, qu'est-ce qui te le redonne?»

André tentera de commettre l'irréparable en se projetant devant un autobus en mouvement.

«L'homme a tout pour se suicider, a soutenu l'auteure. Il ne se remet pas de la perte des membres de sa famille, le grand malheur de sa vie. Il n'est pas capable de chasser cette douleur. Pour lui c'est épouvantable. Il ne veut plus vivre avec ça. Pour arrêter ses souffrances, c'est de mettre fin à sa vie. Mais le suicide n'est pas spontané, il faut qu'il arrive quelque chose.»

André a eu de la chance. L'habile conductrice de l'autobus urbain parviendra à limiter les «dégâts».

«Ce sont les autres qui, sans le savoir, vont l'aider à s'en sortir» de poursuivre Janette Bertrand. La conductrice, Nicole, recueillera André, l'invitant même à venir chez-elle dans une coopérative d'habitation. Il y restera.

Ce lieu, cette résidence abritant surtout des personnes seules, a toute son importance. La configuration de l'immeuble recyclé en coop d'habitation fait en sorte que les échanges sont faciles entre les locataires.

«C'était un vieux bâtiment, il y avait des écuries à l'époque» de préciser Mme Bertrand, qui est d'ailleurs née dans ce secteur de l'Est de Montréal appelé «faubourg à m'lasse».

«André va se retrouver dans un milieu autre que le sien, avec des gens pour qui il est nécessaire. Ils vivent comme une famille avec des chicanes. Il y a une sorte de reconstitution de famille», a-t-elle indiqué.

André s'interroge toujours sur sa présence sur Terre, mais son engagement dans la coopérative l'aidera à donner un sens à la vie. Il se passera beaucoup de choses rocambolesques à cet endroit.

Mme Bertrand ne veut pas trop en dire laissant ainsi les surprises aux lecteurs et lectrices qui se procureront ce roman de 300 pages publié chez Libre Expression.

«Il y a des bouts très drôles, a-t-elle confié. En ce temps de dépression économique, le roman fait du bien, c'est un livre d'espoir.»

Dans le passé, Janette Bertrand a souvent discuté avec des experts en suicide, notamment à Parler pour parler (diffusée à Radio-Québec dans les années 1980 et 1990) et à même fait du travail pour «Tel-Aide», le centre d'écoute téléphonique venant en aide aux personnes désespérées.

Janette Bertrand a toujours su captiver les gens tout au long de sa carrière qui, rappelons-le, a commencé dans le domaine journalistique il y a 60 ans.

Ses écrits, pour les journaux, la radio, la télévision, le théâtre, ont toujours fait réfléchir et permis de changer les mentalités dans une société souvent conformiste.

Et celle qui aura 85 ans dans quelques mois demeure toujours fort active. Depuis une douzaine d'années, elle enseigne l'écriture dramatique et mijote toujours des projets.

Présentement, elle travaille sur un conte pour enfants et un autre roman.