Vocation dès l’enfance
Né en 1975 en France, Lylian – son nom complet est Lylian Klepakowsky – écrit des bandes dessinées depuis qu’il est enfant. « J’ai commencé en décalquant les pages des bandes dessinées que j’aimais et en changeant les dialogues », explique le scénariste, en visioconférence de son appartement montréalais. « Je trouvais ça super. »
S’il est devenu scénariste, c’est d’abord parce qu’il avait envie de s’exprimer. « J’ai commencé à écrire dans un carnet intime, suite aux conseils de ma prof de français, quand j’avais 11 ans », se souvient-il. Au fil du temps, Lylian a ensuite écrit des nouvelles, puis des textes pour des jeux de rôles. « J’ai aussi eu la chance qu’un jour, ma mère se marie avec quelqu’un qui avait 400 bandes dessinées, précise-t-il. De 11 à 15 ans, j’ai lu tous les classiques. Ça forge le caractère. »
Les Géants
Lylian a fait paraître à l’automne 2020 les deux premiers tomes de la bande dessinée Les Géants, chez Glénat. « On a créé un groupe d’enfants de partout dans le monde, qui ont un intérêt commun : prendre conscience de l’univers naturel dans lequel ils sont, pour en prendre soin », explique Lylian. Le premier tome se déroule en Écosse, le deuxième en Allemagne, le troisième (prévu en juin) au Cambodge, le quatrième (sortie en septembre) au Congo.
Chaque fois, un enfant aux capacités hors normes rencontre une créature géante dotée de pouvoirs, qui suscite la convoitise. « Pour moi, c’était important de montrer que les enfants peuvent s’affranchir complètement des adultes, notamment dans leur monde imaginaire, indique Lylian. Ça ressemble beaucoup à mon enfance, qui était à la campagne. Je pouvais partir le matin et revenir le soir, personne ne disait rien. »
Moins solitaire qu’un écrivain
Seul scénariste des Géants, Lylian collabore avec plusieurs dessinateurs. « Personne ne copie le dessin de la personne d’avant, mais on a la même technique, un encrage noir sur lequel est mise la couleur, explique le scénariste. C’est la couleur qui fait le lien entre les univers. » Travailler du Québec lui plaît. « Le décalage horaire de six heures [avec l’Europe centrale] permet une distance, apprécie Lylian. J’écris toute la journée, même le soir, puis j’envoie. Le lendemain matin, mes collaborateurs ont le temps de lire, de se faire leurs réflexions. J’aime bien ce côté décalé. »
La plupart de ses collègues sont européens, mais il a travaillé avec les Québécoises Julie et Lydia Fontaine Ferron, pour réaliser les albums Les Supers et Luna, elfe de Lune, aux éditions Michel Quintin. « Je les ai contactées en disant : ‟C’est super ce que vous faites, est-ce que vous feriez de la bédé ?” », raconte Lylian. Aujourd’hui, les deux sœurs travaillent pour Dupuis, sous le pseudonyme Lesdeuxpareilles.
Ta deuxième vie…
Lylian est visiblement très occupé – ou très productif. Le roman graphique qu’il a scénarisé à partir de Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une, best-seller de Raphaëlle Giordano, est paru en décembre 2020 aux éditions Soleil. « Il arrive souvent que les gens se trompent sur ce qu’ils sont et ce qu’ils aiment, observe Lylian. C’est un peu ce que raconte Ta deuxième vie... »
Le premier tome de la nouvelle série jeunesse Les mondes d’Ewilan, adaptée des romans de fantasy de Pierre Bottero, vient quant à lui de paraître en janvier. Lylian a aussi publié récemment le premier tome de Titouan. « C’est une série jeunesse qui raconte une partie de mon enfance, mais qui est très romancée, dit le scénariste. C’est l’histoire d’un petit garçon qui va vivre chez sa grand-mère qui est malade, avec sa mère. Ça mélange sa découverte de la campagne, le rapport à son père qui n’est plus présent, et sa grand-mère qui va devenir un peu folle. Ça raconte comment garder sa joie de vive là-dedans. » Le tome 2 est attendu en avril.
Pandémie en famille
La pandémie permet à Lylian de profiter du temps en famille – il est père d’une fille de 7 ans et beau-père d’une adolescente de 14 ans. « On aura passé presque un an à vivre les uns avec les autres, constate-t-il. Je pense qu’il y a des parents qui se sont rendu compte qu’ils n’élevaient pas leurs enfants comme ils voudraient le faire – pas comme ils devraient, mais comme ils voudraient. »
La popularité des livres en confinement le réjouit. « Il a fallu remplir son imaginaire, souligne-t-il. Je trouve ça vraiment bien, que les gens se soient réapproprié la lecture, parce qu’on voit que ça ne sert pas à rien. Que ça nourrit. »