Mimose est petite. Vraiment toute petite – la fillette est de la taille d’une souris. Cela ne l’empêchera pas d’aller bientôt vivre ses aventures en France. Mimose et Sam, série de bandes dessinées jeunesse de la Québécoise Cathon, a en effet été achetée par Bayard. Le premier tome paraîtra en mai dans la collection MiniBDKids, aux côtés de chouchous des enfants comme SamSam et Adélidélo.
Peu d’auteurs s’intéressent à la bande dessinée pour les 4 à 6 ans, observe Isabelle Bézard, directrice éditoriale petite enfance chez Bayard Éditions. « Il faut pouvoir maîtriser la narration en image, en textes, et surtout développer une intrigue un peu complexe mais pas trop, ancrée dans les centres d’intérêt des plus jeunes, énumère-t-elle. C’est un art difficile ! »
« Cathon a su doser exactement tous ces ingrédients, ajoute-t-elle, elle reste constamment en phase avec son lecteur. Quel plaisir pour un petit de plonger dans le rythme, le ton d’une bande dessinée faite pour lui ! »
Déjà, Mimose et son ami Sam ont eu droit à des versions anglaise et chinoise de leur première enquête – qui consistait à trouver qui grignotait les feuilles d’un plant de basilic… « Je suis contente, dit Catherine Lamontagne-Drolet, dite Cathon, rencontrée dans son atelier de La Petite-Patrie, à Montréal. C’est rare qu’on a du feedback. » Être publiée à l’étranger confirme à la nouvelle trentenaire (son anniversaire était au début de février) qu’elle est sur la bonne voie – alors que personne, pas même Bouillotte la taupe qui perd ses lunettes dans le 2e tome, n’en doutait.
Souvenirs d’enfance
Si Mimose et Sam a vu le jour, c’est parce que Cathon avait l’idée « de faire des personnages qui vivent dans un jardin, à une échelle vraiment petite », explique-t-elle. Une bande dessinée japonaise rapportée de Toronto l’a inspirée – on y suivait le fil des saisons. « C’est vraiment lié à mes souvenirs d’enfance, poursuit-elle. Quand je jouais dans le jardin, petite, avec mes frère et sœur. »
Le troisième tome, Mimose et Sam – Mission hibernation, paraîtra chez Comme des géants au Québec en avril. On y suit une Mimose qui ne trouve plus le sommeil. Elle demande conseil à Marmite l’abeille, à Clémentin la grenouille, à Mimi la fourmi… C’est rigolo (notamment quand la grenouille lui offre une tasse de lait de mouche chaud !) et mignon comme tout.
J’aime dessiner de petits détails. Je me souviens de la sensation de chercher dans les images, de relire les livres plusieurs fois quand j’étais enfant.
Cathon
Diplômée en arts visuels et médiatiques de l’UQAM, Cathon se réfère à de vieux livres d’identification de plantes et d’animaux (et à l’internet) pour dessiner ses personnages et leur décor. « Mon père et ma sœur sont agronomes », ajoute-t-elle.
Dans Mimose et Sam, « le dessin par lui-même est absolument charmant, lisible mais très généreux en détails, vif et précis à la fois, souligne Isabelle Bézard. L’idée de ces deux personnages et de l’univers du potager, un univers clos et minuscule qui obéit à ses propres règles, à mi-chemin entre réalisme et merveilleux, est une réussite. »
Six mois de travail
Quand elle planche sur un Mimose et Sam, Cathon écrit d’abord un scénario à l’ordinateur, qu’elle soumet à son éditeur. Puis, elle dessine au crayon une première ébauche, qu’elle fait aussi approuver. Vient ensuite le travail détaillé en format réel, toujours à la mine de plomb. La coloration est faite à l’ordinateur.
Le tout prend « six mois, du début du scénario à la remise de tout, tout, tout », décrit-elle. Des bourses du Conseil des arts lui ont permis de se consacrer au troisième Mimose et Sam et à sa plus récente bande dessinée pour adultes, Les ananas de la colère, parue aux éditions Pow Pow en 2018. Sinon, Cathon – qui ne vit pas d’eau fraîche et de champignons – accumule les contrats d’illustration « pour toutes sortes d’entreprises », résume-t-elle.
« J’aime beaucoup dessiner, fait valoir Cathon. Certains font ce métier parce qu’ils veulent raconter des histoires. Moi, j’ai envie de m’amuser graphiquement. Au début, je faisais des dessins pour le fun, pour divertir mes amis. La bande dessinée, c’est devenu de plus en plus sérieux, tout naturellement. » C’est naturel, avec une touche de magie – comme une fillette de la taille d’une souris.