Ce 26e roman vient couronner 25 ans de carrière pour Jean-François Beauchemin qui, d’une plume toujours aussi habile et même face aux sujets les plus sombres, parvient à insuffler de la luminosité, légère comme le vent qui souffle paresseusement sur les pages de cette histoire familiale.

Dans l’épilogue, le narrateur confesse souhaiter que l’on en dise : « Oh, ce n’était pas un récit très palpitant et très de son temps, sarcastique et nihiliste, raconté dans un style convulsif avec beaucoup de repères modernes. Mais il y avait là des gens qui vivaient de leur mieux les uns auprès des autres. » Un désir lucide, puisque Le vent léger, loin de se targuer d’une intrigue haletante et alambiquée, raconte avec douceur et poésie, à l’aube des années 1970, le quotidien de la famille Cresson aux prises avec un drame : le lent déclin d’une mère dévorée par le cancer, soutenue par ses six enfants et son mari. C’est à travers les yeux du cadet Léonard qu’est narrée cette solidarité dans l’adversité, nichée en campagne et s’exprimant loin de tous, tandis que l’Histoire continue de ponctuer les jours qui passent. Des enfants à la maturité étonnante, un père noyé dans la menuiserie et les vers de Baudelaire, une mère résignée… Ce tableau, qui aurait pu être dépeint avec des nuances obscures, opte plutôt pour des couleurs pastel et la voie de la luminosité tranquille.

Le vent léger

Le vent léger

Québec Amérique

184 pages

7/10