Lucie, 16 ans, en a assez. En orchestrant sa disparition, elle espère recoller sa famille, qui se brise en morceaux.

Mais elle fera tout, sauf disparaître, au cours de cette nuit où elle observe, d’une maison voisine, sa demeure, espérant que ce faux enlèvement cousu de fil blanc permette enfin de lever le rideau sur le théâtre d’ombres auquel se livrent ses parents. Lucie replonge ainsi dans ses souvenirs, remet en place les morceaux de ce casse-tête familial, où le poids des secrets est devenu insupportable. Pour échapper à ce qui l’avale, elle s’engage dans un acte de (re)création d’une vie marquée par le manque d’estime de soi, la dictature de la beauté – où se noie sa mère, qui refuse de vieillir –, une figure paternelle adorée mais absente et un petit ami virtuel louche.

Comme dans son premier roman J’irai déterrer mon père, Catherine Larochelle raconte son histoire à travers les yeux d’une femme-enfant, ici à ce point de bascule où l’innocence de l’enfance se heurte à la désillusion du monde adulte. Malgré son jeune âge, Lucie a un regard acéré, acide, sur la société et ses faux-semblants. « Mon corps ne m’appartient plus. Il est mastiqué sans relâche par le regard des autres. Je suis avalée, puis rotée par la société. » La langue est très imagée, sait émouvoir comme faire sourire, portée par un flot intarissable – procédé dont l’autrice abuse peut-être un peu, avec de longues envolées énumératives. Au bout du compte, voilà un joli récit avec sa pointe d’intrigue, qui touchera des personnes de tout âge.

Toutes nos disparitions

Toutes nos disparitions

Québec Amérique

152 pages

6,5/10