L’une est autophobe et irlandaise, l’autre anthropophobe, écossaise… et sapiosexuelle. Leur affrontement sur près d’un siècle va susciter quelques-uns des évènements marquants du tournant du millénaire, notamment les attentats du 11 septembre 2001.

Dans son dernier roman, Bernard Werber se lance dans une surenchère philosoco-érudite avec deux personnages inédits de femmes fortes, presque surhumaines. Le didactisme qui le caractérise retrouve toute la fraîcheur des Fourmis, la série qui l’a lancé il y a 30 ans.

On apprend notamment qu’au Ve siècle, deux reines des Francs, Brunehaut et Frédégonde, se vouaient une haine implacable, par maris interposés. Que grégaire a un cousin, égrégore, qui peut faire référence à l’esprit d’équipe. Et bien évidemment que les anthropophobes ont peur du contact rapproché d’autrui et les autophobes, d’être seuls, ou que les sapiosexuels sont séduits par l’intelligence.

Il y a bien quelques couacs, échos de ses lubies parfois agaçantes. Par exemple, la conviction que contrairement à ce que prétendent les démographes, la population mondiale ne connaîtra pas de pic sous les 10 milliards, notamment parce que la Chine ment et n’est pas victime de dénatalité. Autre bémol, des extraits des Encyclopédies du savoir relatif et absolu de Werber étayent avec plus ou moins de bonheur certains concepts.

On retrouve tout de même avec grande joie le romancier français à l’exploration impressionniste de concepts intellectuels qui le fascinent parce qu’ils sont enracinés dans son expérience personnelle — la peur de la foule et la fascination qu’elle inspire, le mépris des plus bêtes. Ses séries pèchent parfois par leur ton moralisateur, comme la fable écologiste entourant les abeilles.

La diagonale des reines

La diagonale des reines

Albin Michel

459 pages

7,5/10