On sait de Strega (« sorcière » en italien) qu’il s’agit d’un village en montagne où se trouve un téléphérique conduisant à l’hôtel Olympic. Neuf femmes de 19 ans y sont envoyées pour se former au service de clients qui ne viennent jamais. L’une d’elles est assassinée. Le reste demeure flou, comme dans un rêve où nos sens sont éveillés, mais où les contours de la réalité ondulent au gré des perceptions.

Écrit par Johanne Lykke Holm, traduit du suédois par Catherine Renaud et finaliste au Grand Prix de littérature du Conseil nordique en 2021, Strega endosse un propos féministe sans équivoque à travers une intrigue qui, bien qu’elle soit campée dans un lieu reclus, hors du temps et de l’espace, s’inscrit (malheureusement) dans l’air du temps. Pour Rafa, la narratrice, le corps féminin est une scène de crime : « Je savais qu’un meurtrier n’était jamais loin. Je l’avais vu sortir des murs […] Nous sommes toutes candidates, mais seules certaines d’entre nous sont choisies. »

On sent que quelque chose ne tourne pas rond à l’hôtel Olympic, mais quoi ? Tout, en fait. L’étrangeté des employés, une présence dans le couloir la nuit, les familles qui n’appellent jamais pour prendre des nouvelles et cette singulière fête où un crime a probablement été commis. En dépit d’un style direct, rythmé par des phrases courtes, l’autrice nous offre un récit lent, qui se détache du roman à suspense traditionnel, et où l’action se fait parfois attendre. Mais elle nous surprend aussi par son écriture proche des sens, poétique et onirique — trop sûrement par moments –, comme un brouillard qui ne se dissipe jamais vraiment.

En librairie le 6 septembre

Strega

Strega

La Peuplade

256 pages

6/10