Après avoir connu un immense succès avec sa série jeunesse La vie compliquée de Léa Olivier, Catherine Girard-Audet se tourne vers un public plus âgé. On ne tire pas sur les fleurs pour qu’elles poussent, son premier roman jeune adulte, paraît ce jeudi, juste à temps pour la journée « Le 12 août, j’achète un livre québécois ». Discussion sur cette nouvelle aventure et son héroïne, Juliette Papillon, étudiante qui vit une grande remise en question.

Le personnage de Léa Olivier a grandement été inspiré de votre vie. Est-ce également le cas pour celui de Juliette Papillon ?

Oui. Pour moi, c’est toujours plus facile de m’inspirer de choses que j’ai vécues. Le début de la vingtaine, pour énormément de gens, c’est une crise identitaire. On apprend à se connaître. On découvre qui on est en faisant souvent des erreurs monumentales. On est poussé à prendre des décisions hyper rapidement et on vit des expériences pour la première fois. Je suis un bon exemple de ça, parce que je m’étais trompée complètement. [Comme Juliette], je m’étais inscrite en histoire de l’art, parce qu’il fallait que je me grouille de prendre une décision pour mes études. Ça m’avait beaucoup angoissée. Au travers de ça, je vivais une méga peine d’amour d’une relation à distance super compliquée.

Tout comme dans la série La vie compliquée de Léa Olivier, l’amitié et l’amour sont omniprésents dans ce premier tome d’une trilogie. Que représentent ces thèmes pour vous ?

Les liens humains, c’est mon inspiration. Je ne pourrais pas ne pas écrire là-dessus, parce que c’est ce qui me forme. C’est ça, le plus important dans ma vie : ma famille, ma fratrie, mes amis. Pour moi, le début de la vingtaine, c’est beaucoup, beaucoup ça. Je m’inspire, par exemple, de mon premier appartement avec ma meilleure amie. Mes premiers amours plus toxiques, je les ai vécus à cette période-là également. C’est un thème un peu plus adulte que j’avais envie d’approfondir.

Vous abordez dans le roman la question de la santé mentale. On assiste à la première crise de panique de Juliette. Pouvez-vous nous parler de ce passage ?

J’ai déjà fait des crises de panique comme je les ai décrites dans le roman, lors desquelles tu penses que tu vas mourir, carrément. Moi, je prenais des douches froides en pleine nuit parce que je ne sentais plus mes membres et je ne savais pas pourquoi. C’est ça qui m’a amenée à consulter. Mes premières crises de panique sont arrivées dans la vingtaine. Pour moi, c’était super important de les intégrer dans le roman, parce que sinon, je trouvais que je n’étais pas honnête. J’avais envie de sortir ce trouble-là du tabou et de le rendre accessible.

Juliette vit une grosse peine d’amour, elle s’est trompée, elle est perdue, mais [elle ne vit] pas de gros drames. Le trouble panique, ça peut frapper n’importe qui, à n’importe quel moment. Je pense que c’est quelque chose qu’on apprend à apprivoiser.

Catherine Girard-Audet

Le titre du livre est une phrase qu’une « personne très sage » vous a dite. Pourquoi ces mots vous ont-ils marquée ?

J’ai beaucoup de difficulté à ne pas contrôler ce qui s’en vient. Let’s go with the flow, ce n’est pas trop moi. J’apprends à lâcher prise, mais des fois je retombe dans mes vieilles habitudes. Je me dis : « Qu’est-ce qui va se passer après ? » Je dois souvent me dire qu’il faut laisser le temps aux fleurs de pousser et qu’on ne tire pas dessus pour qu’elles poussent. C’est vraiment un petit principe que j’essaie de me rappeler. Un principe que j’ai intégré tranquillement en thérapie.

Juliette Papillon fréquente l’université, Léa Olivier est maintenant au cégep. Est-ce que les deux héroïnes pourraient se croiser dans un roman ?

Oh my God. Ce serait drôle, mais je ne pense pas. Pour moi, c’est deux univers différents, c’est deux tons différents, c’est deux personnages différents. C’est même deux Catherine différentes. Je pense que Juliette, avec le recul, me ressemble un petit peu plus que Léa. Léa est quand même plus pétillante que je ne l’étais. J’avais un côté plus introverti.

Vous venez de terminer l’écriture du 16e tome de La vie compliquée de Léa Olivier. Est-ce que ce sera le dernier ?

Ce n’est pas le dernier. La fin d’une aussi longue série, c’est un processus. Je ne veux pas l’écrire trop vite. Je ne veux pas la précipiter, mais je suis en train de la placer. Je vis des sentiments super contradictoires. D’un côté, je suis tellement reconnaissante de tout ce qui m’est arrivé par rapport à ce personnage-là et à cette série-là. D’un autre côté, je suis excitée de passer à autre chose.

Les propos ont été abrégés et condensés à des fins de clarté et de concision.

On ne tire pas sur les fleurs pour qu’elles poussent

On ne tire pas sur les fleurs pour qu’elles poussent

Éditions Les Malins

192 pages

Que lit Catherine Girard-Audet ?

À la veille de la journée « J’achète un livre québécois », La Presse a demandé à Catherine Girard-Audet trois coups de cœur parmi ses lectures d’été.

  1. Match, de Lili Boisvert 
  2. Mille secrets mille dangers, d’Alain Farah
  3. Au pays du désespoir tranquille, de Marie-Pierre Duval