L’histoire d’un adolescent de 13 ans chevauchant une licorne magique pourrait-elle devenir le nouveau phénomène mondial en littérature jeunesse ? Skandar Smith est-il le prochain Harry Potter ? La maison d’édition Simon & Schuster a de grandes attentes pour cette série écrite par une autrice néophyte. La réponse du public sera-t-elle à la hauteur ? Skandar et le vol de la licorne en cinq points.

Un contrat historique

Bien avant son apparition sur les rayons des libraires du Québec cette semaine, le roman jeunesse Skandar and the Unicorn Thief (Skandar et le vol de la licorne, en français) avait déjà retenu l’attention des médias partout dans le monde. Ce qui a piqué leur curiosité ? Le contrat d’édition pour les trois premiers tomes de la série, dont la valeur se situe dans les sept chiffres. Il s’agirait d’une somme record pour une autrice n’ayant jamais été publiée auparavant. L’enthousiasme ne se limite pas à la maison d’édition Simon & Schuster avec qui l’écrivaine Annabel Steadman (A. F. Steadman de son nom de plume) a signé le contrat historique. D’autres éditeurs dans la course pour publier la série ont aussi proposé plus de 1 million de dollars, rapporte The Guardian. Paru d’abord au Royaume-Uni le 28 avril, le roman destiné aux 9 ans et plus, traduit en 38 langues, sortira dans plus d’une trentaine de pays. Un film est également en préparation par Sony Pictures.

IMAGE FOURNIE PAR LA MAISON D’ÉDITION

Annabel Steadman

Un monde de licornes

De quoi parle ce premier tome d’une série de cinq qui a suscité un tel engouement dans le monde de la littérature jeunesse ? L’autrice transporte le lecteur sur l’Île, où chaque année, des licornes naissent. Au moment de l’éclosion de leur œuf, elles doivent impérativement être en présence du jeune cavalier auquel le destin les a liées. Sinon, elles deviennent sauvages et sanguinaires. Il faut dire que les licornes imaginées par Annabel Steadman n’ont rien à voir avec les « créatures mythiques inoffensives [qui] ressemblent à de grosses peluches ». Malgré leur dangerosité potentielle, tous les enfants rêvent de chevaucher une licorne. Dans le roman, on suit Skandar Smith, 13 ans, dans le processus qui lui dira si oui ou non il deviendra cavalier. (On vous laisse deviner la réponse.) C’est toutefois une année bien particulière pour vivre une telle aventure puisque la licorne la plus puissante du monde a été volée par un mystérieux ennemi.

Des parallèles avec Harry Potter

Dans la réalité comme dans la fiction, on remarque de nombreux parallèles entre la série d’A.F. Steadman et celle de J. K. Rowling. En plus d’être toutes les deux britanniques, les autrices proviennent d’un milieu modeste. Dans les deux histoires, le héros est un jeune adolescent qui apprend la magie dans une école bien spéciale : Harry Potter fréquente le château de Poudlard, alors que Skandar Smith vit au Nid, campus bâti dans des arbres géants. Dans le monde des sorciers, les élèves sont divisés entre quatre maisons : Serdaigle, Poufsouffle, Gryffondor et Serpentard. Dans celui des licornes, les jeunes et leur monture sont associés à un élément : l’eau, le feu, l’air ou la terre. La cérémonie des lignes de faille rappelle d’ailleurs celle du choixpeau magique imaginée par J. K. Rowling.

Accueil au Québec

Skandar et le vol de la licorne a connu une bonne première semaine au Royaume-Uni, se classant quatrième dans le palmarès des ventes jeunesse avec près de 7500 exemplaires écoulés. Au Québec, où le livre est sorti mercredi, il est encore trop tôt pour avoir des chiffres. Des libraires ont d’ailleurs décliné les demandes d’entrevue de La Presse sur l’accueil réservé à la série par le public québécois, la parution étant très récente. Tout comme d’autres éditeurs à l’étranger, les Éditions Petit Homme, qui publient le roman ici, croient beaucoup aux aventures de Skandar. « Le tirage est assez exceptionnel », indique Florence Bisch, directrice éditoriale du Groupe Homme, à qui appartiennent les Éditions Petit Homme. Présentoirs, affiches, vitrines, publicités sur les réseaux sociaux : les efforts marketing déployés sont « plutôt extraordinaires », ajoute-t-elle. Qu’est-ce qui a poussé les Éditions Petit Homme à se lancer dans le projet ? « Le roman a été remarqué par sa qualité, tout simplement. Cet univers un peu unique nous a tout de suite plu », répond Florence Bisch. L’enthousiasme de l’éditeur original « qui y croyait beaucoup, beaucoup » et les droits d’adaptation cinématographiques déjà signés ont aussi pesé dans la balance.

Et alors ?

Qu’a-t-on pensé de Skandar et le vol de la licorne ? On a beaucoup aimé ce périple de 453 pages dans un monde fascinant. L’autrice guide le lecteur dans son univers fantastique sans jamais tomber dans la lourdeur descriptive. En fait, le héros, qui croyait bien connaître l’Île et ses créatures, apprend de l’information au même rythme que le lecteur. Avec ses combats aériens de licornes, ses mystérieuses disparitions, ses secrets à cacher et ce ténébreux personnage du nom de l’Arachné, le roman contient son lot de rebondissements. Skandar et le vol de la licorne, c’est aussi une belle histoire d’amitié, qui rappelle un peu celle liant Harry Potter, Ron Weasley et Hermione Granger. Est-ce que Skandar connaîtra le même succès que le sorcier ? Sans rien enlever aux qualités du roman d’Annabel Steadman, on en doute. Avec plus de 500 millions de livres vendus dans le monde et plus de 9 milliards de dollars au box-office, Harry Potter est dans une classe à part. N’empêche, on attend le deuxième tome avec impatience.

Skandar et le vol de la licorne

Skandar et le vol de la licorne

Éditions Petit Homme

Dès 9 ans