Littérature étrangère
Shuggie Bain, Douglas Stuart
Ce premier roman récompensé du Booker Prize est notre coup de cœur de l’année. L’histoire d’un garçon qui grandit dans l’ombre d’une mère alcoolique, dans les quartiers pauvres du Glasgow des années 1980, nous a rappelé le grand roman de Romain Gary, La vie devant soi, dans sa façon d’adopter le point de vue d’un enfant qui est témoin de la déchéance des adultes qui l’entourent. Bouleversant et inoubliable.
Globe, 496 pages, traduit par Charles Bonnot
Memorial Drive, Natasha Trethewey
C’est un autre portrait de mère déchirant, autobiographique cette fois-ci, puisqu’on y découvre le destin tragique, raconté par sa fille, d’une femme victime de violences conjugales puis assassinée, dans le sud des États-Unis. L’autrice, qui a publié plusieurs recueils de poésie en anglais, aura mis 30 ans avant de pouvoir raconter le récit poignant, superbement écrit, de ce drame qui la hante encore à ce jour.
Éditions de l’Olivier, 224 pages, traduit par Céline Leroy
Komodo, David Vann
Depuis Sukkwan Island, David Vann a su construire une œuvre singulière et unique en son genre. On est loin de la noirceur de ses premiers romans, comme Désolations ou Impurs, dans ce titre qui rappelle plutôt Aquarium avec cette lueur d’optimisme qui pointe au bout du tunnel. Mais comme toujours, le malaise est bien présent lorsqu’on s’immisce dans les liens tordus qu’entretiennent une mère et ses deux enfants, lors d’un bref séjour en Indonésie. Magistral.
Gallmeister, 304 pages, traduit par Laura Derajinski
Les Vilaines, Camila Sosa Villada
Voilà un audacieux premier roman qui nous vient d’Argentine et qui fait écho à la vie de l’autrice. Celle-ci raconte la sororité unissant un groupe de prostituées trans qui guettent les clients tous les soirs dans un parc de Córdoba. La violence et la cruauté dont elles sont victimes sont décrites sans pudeur et avec une humanité qui rend hommage aux oubliés, aux marginaux et aux exclus de la société.
Métailié, 208 pages, traduit par Laura Alcoba
Sous nos pieds l’océan, Amity Gaige
Aux côtés du premier roman de Charlotte McConaghy, Migrations, également paru cette année, ce titre de l’Américaine Amity Gaige est l’un des deux périples fascinants qui nous ont transportée très loin en mer dans ces moments où l’on avait le plus besoin de s’échapper, au cours de l’année qui s’est écoulée. Ce voyage en voilier au large de l’Amérique centrale n’a pourtant rien de paradisiaque… Envoûtant et d’une grande beauté.
Gallmeister, 384 pages, traduit par Juliane Nivelt