Depuis son très intense premier roman, Marée montante, sorti en 2017, Charles Quimper a publié de la poésie, des microrécits et un album pour enfants. Avec ce cinquième livre qui se situe d’ailleurs à la croisée du roman et du recueil, l’auteur de Québec fait preuve d’un peu plus de légèreté en s’amusant à entremêler les genres, dans un récit multiforme qui se déroule dans le quartier Saint-Sauveur, où il habite.

Entre le passé et le présent, le réalisme magique et la chronique et même trois types de typographie, Une odeur d’avalanche est l’histoire tout en douceur, en amour et en étrangeté d’un quartier populaire.

Il y a les cataclysmes, disparitions et invasions de toutes sortes – mouches noires, lézards et autres rainettes rouges s’y abattent comme ils repartent – racontés sous forme d’articles de journal, avec entête et caractères gras. Il y a la rencontre de la dernière chance entre un Cowboy solitaire et une Dame en vert, belle romance improbable pleine de tendresse. Il y a, en écho à cet amour contemporain, le journal intime dactylographié de Jacob, ado des années 1970 qui vit dans un hôtel avec sa mère et son beau-père et qui est amoureux de Pénélope. Autour gravitent le voisinage, la Sainte Vierge et plein d’animaux, et chaque histoire se tisse délicatement, avec une poésie du quotidien comme du surnaturel.

Si au début on a l’impression qu’on fait du surplace, on se rend compte que chaque partie avance à son rythme, et que même si elles sont intercalées et bien délimitées par leur typo – pas une mauvaise idée, mais peut-être un peu superflu à la longue –, elles se répondent et se nourrissent. Le résultat est un livre chaleureux qui n’a pas peur d’insuffler de la magie là où on ne pourrait voir que de la détresse ou de la misère, un petit tour d’humanité et de magie qui fait du bien.

Une odeur d’avalanche

Une odeur d’avalanche

Alto

162 pages

6/10