On connaît Pascale Navarro pour ses essais rigoureux (Femmes et pouvoir : les changements nécessaires). Elle nous surprend ici avec un récit personnel où l’art culinaire est à l’avant-plan. La cuisine qui active les souvenirs de sa famille d’origine pied-noire (marocaine de souche européenne) arrivée au Québec en 1968.

Pascale Navarro recolle les morceaux d’une culture qui s’effrite avec son livre savoureux. La famille devient le pays quand on émigre et la cuisine, le lieu et l’art de préparer des plats, son noyau réconfortant.

L’autrice relie son histoire à des recettes représentant autant de moments de vie importants. Elle explique brièvement comment apprêter, entre autres, le poulet au paprika, le pain brioché, la salade juive pied-noir et la kémia au cumin, « moment de connexion presque sacré ».

L’écriture démontre simplement que la gastronomie est au diapason de la complexité des origines. La nourriture nous unirait en quelque chose de plus fort que la religion, la nationalité ou, encore, « l’identité », servie de nos jours à toutes les sauces.

Le livre table sur l’importance de la transmission, un « ingrédient magique » qui nous accompagne peu importe le sol où l’on se trouve. Seul hoquet : la réflexion passe au second plan et l’on ressent encore des gargouillis au ventre après 100 pages de parfums d’ailleurs recréés ici. Une suite, peut-être ?

La menthe et le cumin
Pascale Navarro
Leméac
104 pages