Marie-Josée Riverin a tiré de son mémoire de maîtrise en création littéraire la matière à ce tout premier roman, Les pièces tombées. Un court ouvrage kaléidoscopique qui présente à travers trois personnages diverses facettes d’une même réalité, qu’on découvre au fil de trois chapitres donnant voix à chacun d’eux.

Il y a d’abord Michel, reclus dans une pièce de la luxueuse maison où il vit avec Alexandrine, dont le sarcasme ironique cache une blessure à vif. Le couple ne se parle presque plus, mais semble déterminé à rejouer, encore et encore, la pièce de théâtre de leur vie, où il travaille sans relâche sur son ordinateur – le tout entrecoupé de petites « pauses » à regarder de la porno – et observe de loin en loin sa blonde, beauté statuesque qui entretient son corps avec une obsession clinique et qui le trompe sans se même se cacher, dans un jeu malsain du chat et de la souris. Puis Alexandrine, dont on découvre sous l’apparente rigidité contrôlée une indicible fragilité. Le point de bascule de cette histoire est l’arrivée d’une femme de ménage dans la vie du couple, qui finira par faire tomber les masques en secouant la poussière depuis trop longtemps accumulée dans leur quotidien. Un personnage mystérieux, porté par un spleen lancinant, à laquelle l’autrice donne voix dans la dernière partie du livre, la moins prenante à notre avis, avec sa finale qui tombe un peu à plat. Cela dit, ce récit à l’écriture finement travaillée fait montre d’un regard acéré et tout en finesse sur les minces fils qui nous relient les uns aux autres, chacun aux prises de sa propre version du réel.

Les pièces tombées, Marie-Josée Riverin, XYZ, 116 pages

★★★