Philippe Laprise y va d’un moyen simple, mais efficace pour faire rire son public durant son quatrième spectacle solo en carrière : il nous raconte une longue histoire cocasse comme on relate une anecdote à un ami. Tout est dans le ton.

Le rideau du Monument-National se lève, lundi soir, et Philippe Laprise a la mine basse. Il parle d’abord de pandémie, on pourrait s’attendre à de la lourdeur. Mais il renverse la vapeur très rapidement. On tombe vite dans la bonne humeur et on reconnaît la bonhomie de l’humoriste.

Il ne parlera pas de pandémie directement en ce soir de première, mais de ce qu’il s’est passé pendant ce temps de pause forcée. Il est question de la situation des deux dernières années et de ses aléas, mais on rit de bon cœur, car l’humoriste amène habilement le thème.

Laprise parle de cancer et, de nouveau, on s’esclaffe malgré la teneur. Tout le premier segment de la soirée est voué à une seule et même histoire, ce moment lorsqu’il a craint d’avoir un cancer du sein. Ça commence bien la soirée, le public est hilare. Cette prémisse amène toutes sortes de gags sur cette période de sa vie. Il a redouté sa mort imminente, alors à chaque occasion qui s’est présentée, plutôt que de trop y réfléchir, il s’est plutôt dit : « Pourquoi pas ? » Voilà le filon du spectacle, qu’il ne lâchera pas.

Philippe Laprise raconte comme s’il s’adressait à un proche. Le public est absorbé comme lorsqu’on écoute l’anecdote amusante que nous décrit un ami qui promet d’avoir un bon punch. Il dépeint les scènes, répète les conversations, on se les imagine. C’est sympathique. On entend même dans la salle des spectateurs commenter ponctuellement l’histoire qu’il rapporte : « Ah ben, j’en reviens pas ! » Surtout, les mimiques de l’humoriste font souvent réagir. Il n’a parfois même pas besoin de parler pour déclencher des rires, une grimace suffit.

Les commentaires plus personnels et posés placés ici et là dans la narration ramènent un peu de sérieux avant que les blagues ne reprennent. Ces moments où l’on reprend son souffle sont appréciables.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Le registre humoristique change d’un numéro à l’autre. Lorsqu’il parle de son nouveau chien, on est dans le ridicule. Lorsqu’il parle de son père, c’est émotif, mais drôle.

Bien ficelé

La scène du Monument-National est judicieusement décorée. Un tabouret. Des néons horizontaux qui s’allument au gré des déplacements de l’humoriste. Quelques projections sur le mur du fond. Un ou deux accessoires. On ne cherche pas à dévier l’attention de l’humoriste avec un décor compliqué ou une mise en scène trop chargée.

C’est comme si Philippe Laprise voulait nous dire quelque chose, mais qu’il ne cessait de divaguer. Tout est lié par un fil rouge clair, mais on part à la fois dans toutes les directions pour finalement revenir à sa peur de mourir. C’est bien ficelé.

Certains segments s’étirent un peu, mais le rythme permet de ne pas se lasser. La salle ne rit pas tout le temps, mais elle s’esclaffe très souvent.

Le registre humoristique change d’un numéro à l’autre. Lorsqu’il parle de son nouveau chien, on est dans le ridicule. Lorsqu’il parle de son père, c’est émotif, mais drôle.

Et lorsqu’il boucle la boucle avec l’histoire du potentiel cancer, on sent tout le travail insufflé dans ce spectacle. L’expérience de l’humoriste lui permet de présenter un one-man show tout en simplicité, tant dans le propos que dans la forme, mais non moins efficace. Une belle heure et demie de rire.

Pourquoi pas

Philippe Laprise

En tournée au Québec jusqu’en 2023

7/10