Plongé dans la marmite du monde humoristique depuis plus d'un quart de siècle, artisan de trois one-man-shows depuis 2003, tout en maintenant la barre de diverses émissions, l'increvable Patrick Groulx revient sur les planches pour un quatrième spectacle solo, GROULX, dont la première médiatique aura lieu le 5 février.

À celui qui a la langue bien pendue, nous n'avons pas hésité à poser la question tout de go, face à une telle longévité: «Tes concurrents ont-ils déjà réclamé un contrôle antidopage?» «Non, ce n'est jamais arrivé!», dit-il en riant. Tant mieux pour lui, car on risquerait bien de trouver quelques traces d'EPO (Étonnante passion obsessionnelle). «C'est vrai que ça fait longtemps que je fais ça, j'ai commencé très jeune, à 19 ans, dans un groupe d'humour qui s'appelait Les 4-Alogues. J'ai toujours détesté ce nom!»

Depuis cette époque révolue, beaucoup de shows ont coulé sous les ponts, dont trois spectacles solos; le dernier en date, Job: humoriste a connu un bouillonnant succès. Pour sa quatrième production, Patrick Groulx s'est fixé plusieurs objectifs, car il cherche aussi bien à se remettre en question qu'à se faire plaisir.

«Au début, je ne trouvais pas d'angle. Puis je me suis souvenu que mon père m'avait dit: "Je n'ai jamais été aussi heureux qu'à 40 ans"», explique l'humoriste qui a lui-même passé le cap des 44 printemps. 

«Et effectivement, je n'ai jamais été aussi heureux. Plus on vieillit, plus on se connaît, et plus on se fout de ce que les autres pensent. Mais en même temps, personne ne veut vieillir! Ça a amorcé une réflexion.»

Armé de ce noyau, Patrick Groulx s'est retroussé les manches et a cherché à forger un spectacle au côté brut, qui lui ressemble. Ce matériau, il ne pouvait le travailler qu'avec des outils vieux comme les arts, à savoir les bars et cabarets du Québec. Il les a donc hantés des mois durant pour les besoins de son rodage. «Je me suis dit: "Va te promener dans les bars, sur la route", et je suis donc allé ailleurs, pour me mouiller un peu et prendre des risques», évoque-t-il. Résultat du processus? Bonheur, détachement et authenticité seront les piliers de sa nouvelle production, avec une mise en scène très épurée, fidèle à l'esprit cabaret qu'il cherchait à insuffler.

À bout des tabous

L'humoriste, qui a toujours été discret sur sa vie privée, n'a pas hésité à amener un sujet délicat sur les planches: celui du divorce et de la séparation, épreuve à laquelle il a lui-même dû faire face.

«J'avais envie d'en parler parce que c'est tabou, je m'en rends compte dans la salle. Ç'a été le numéro le plus compliqué pour moi en rodage, parce que je créais beaucoup de malaises», constate celui qui considère ce thème comme «le plus difficile» à traiter dans son domaine.

Pour passer le désamour par le filtre de l'humour, Patrick Groulx cherche à dénicher le positif dans le négatif, comme déceler les bons côtés de la garde partagée, nonobstant le profond attachement à ses enfants.

Inévitablement, il prévient que ça risque de brasser; son entourage «va passer au cash». 

Les oreilles siffleront-elles? Non, elles peuvent souffler, puisqu'il a eu le tact de soumettre les sketchs à son ancienne conjointe, qui les a trouvés très drôles. Quant à ses enfants, ils ont bien compris que tout cela n'est que comédie. «Je ne rentre dans rien de personnel», assure-t-il.

Parlant d'oreilles, Patrick Groulx recommande fortement que celles qui viendront l'écouter aient plus de 16 ans d'âge. Motif de cette préconisation: une anecdote des plus humiliantes liée à un défi relevé dans son adolescence... nous n'en dirons pas plus, histoire de ne pas voler le punch ni heurter les âmes sensibles. Mais ce passage en dit long sur le détachement et l'autodérision auxquels s'applique l'humoriste.

Dans l'ombre, côté écriture, Julien Tapp et Pierre Fiola font partie de l'aventure, François Avard assure une fois de plus la script-édition. Côté sonore, une tendance hip-hop est au menu, alors que les services de FouKi et de Quiet Mike ont été retenus.

GROULX, les 4 et 5 février au Club Soda, puis en tournée au Québec.

Une nouvelle émission en chantier

Maintenant qu'il a épongé le deuil de l'un de ses enfants, à savoir la fin de l'émission Jobs de bras qu'il a animée pendant 11 saisons sur Vtélé, Patrick Groulx se lance dans un concept un peu cousin. Il présente Maître du chantier, toujours sur la même chaîne, où 12 travailleurs de la construction doivent relever des défis pimentés. Le premier épisode a été diffusé le 28 janvier.