Si Obélix est tombé dans la marmite du druide, Julien Lacroix doit certainement avoir nagé dans la marmite de l’humour quand il était jeune. C’est avec un naturel épatant qu’il livre son premier one-man-show, Jusqu’ici tout va bien.

Julien Lacroix a beau avoir le look d’un jeune premier, il a l’aplomb et le côté baveux d’un Mike Ward. Cette attitude est particulièrement payante lorsqu’il fait de l’improvisation et prend comme têtes de Turc des spectateurs. « Va-t’en, décalisse », a-t-il lancé à une femme qui avait un rire particulier. À une autre, 24 ans et enceinte : « Criss, c’est jeune. Tu n’as pas peur de gâcher ta vie ? »

Après une blague arrogante – et il y en a à la pelle ! –, Julien Lacroix ne tente même pas de nous faire croire que derrière son personnage de scène se cache un gars sympa. Il assume totalement son côté irrévérencieux, toujours prêt à écorcher, et ce, sans s’excuser.

Premier spectacle oblige, l’humoriste de 26 ans se raconte, notamment en revisitant son enfance à Longueuil avec ses trois frères, sa première peine d’amour et la sexualité d’un adolescent de 15 ans.

Un autre humoriste pourrait nous ennuyer en s’intéressant à ces thèmes mille fois abordés, mais Julien Lacroix a la qualité d’être surprenant.

On ne voit pas venir ses punchs, et il a des tournures d’esprit sincèrement étonnantes.

Dans la dernière année, nous avons vu Julien Lacroix aux côtés d’Adib Alkhalidey, notamment à l’animation d’un gala Juste pour rire et dans le long métrage Mon ami Walid. Sachez toutefois que, sur scène, les deux comparses ont un humour diamétralement opposé. Si l’un est le yin, l’autre est le yang. Julien Lacroix a un univers humoristique plus près de Rosalie Vaillancourt et Yannick De Martino (avec qui il a créé la série web Les prodiges).

En d’autres mots, il faut être prêt à rire d’un enfant de 4 ans, d’étrons oubliés dans une toilette publique, de pédophilie et de son ami handicapé.

Cet humoriste, qui a connu ses premiers succès avec des vidéos sur le web, commence et termine son spectacle avec des vidéos et des photos de lui lorsqu’il était petit. Les vidéos où on le voit à 10 ans, conseiller en mode, sont du bonbon. De l’autodérision à son meilleur.

Par contre, il aurait avantage à ralentir le rythme. Son débit trop rapide ne nous permet pas de savourer chaque blague ; même qu’à certains moments, on perd des mots.

Il y a aussi des numéros qui pourraient être resserrés, dont celui sur l’amitié entre hommes où il est question de « qu’est-ce qui est gai et pas gai ». Blagues douteuses en prime.

Pour ses fans de la première heure, il est également dommage que le numéro au rappel soit celui de l’humoriste québécois qui parle très mal en anglais. Même si ce numéro est hilarant, plusieurs l’ont déjà vu. Nous aurions préféré du nouveau matériel pour la finale de Jusqu’ici tout va bien.

Malgré cela, il s'agit d’un spectacle qui fait franchement du bien.