Ma résolution télévisuelle de 2024 a tenu quelques heures, à peine. Désolé, mais pas tant désolé.

J’y croyais pourtant. Moins consommer de calories vides au petit écran. Me concentrer sur les costauds journaux télévisés européens, les documentaires sur la crise migratoire en Afrique et la programmation complète de TV5. Voilà. Nouvelle année, nouvelle personnalité télé !

J’ai lamentablement failli à la première tentation. Le soir du 1er janvier, encore gonflé de petits fours du Choix du Président et de Bubly à la fraise, je suis tombé sur Fool Me Once (Double piège), la dernière minisérie de Netflix adaptée des romans policiers du prolifique écrivain Harlan Coben. Comment dire ? Ça avait l’air très mauvais après trois minutes et, huit épisodes d’une heure plus tard, ça l’était toujours autant.

Mais pourquoi souffrir aussi bêtement, et volontairement, alors que l’offre de bonnes émissions explose sur toutes les plateformes ? Excellente question. Par paresse intellectuelle ? Par masochisme cruel ? Ou un mélange des deux ?

Dans le cas de Double piège, en ligne depuis cinq jours sur Netflix, j’ai persévéré parce que j’aime l’efficacité de l’auteur américain Harlan Coben, spécialiste de ces courtes séries-polars truffées de revirements. J’ai vu presque toutes ses œuvres et je me suis rarement emmerdé, qu’il s’agisse de Stay Close (Ne t’éloigne pas), Safe (Sécurité), The Five (L’ombre de Jesse), The Stranger (Intimidation) ou The Woods (Dans les bois).

Oui, la recette du punch à la Coben se répète. Mais ça se dévore comme un sac de croustilles, perché sur le bout du sofa, toujours à la lisière du vraisemblable.

Hélas, Fool Me Once, déjà en tête du palmarès de popularité de Netflix, est la pire des productions signées Harlan Coben. Ça ne passe même pas proche d’être crédible ou plausible. En fait, la minisérie ressemble à une longue pub de Range Rover, tournée sur les routes de la magnifique campagne anglaise, avec une actrice très moyenne, qui a l’air de trouver le scénario aussi ridicule et alambiqué que nous.

L’histoire, si vous insistez, est celle de l’imperturbable Maya Stern, ancienne pilote d’hélicoptère militaire en choc post-traumatique. Mère de la petite Lily, une fillette qui passe tout son temps sur le siège arrière d’une voiture de luxe, Maya a perdu sa sœur Claire et son mari Joe (Richard Armitage, que l’on voit 45 secondes, au total) dans deux assassinats différents.

Bien sûr, il existe un lien entre ces deux meurtres, que la brave Maya, zéro endeuillée, constamment armée de son trousseau de clés, s’acharne à trouver. Dans un cas classique d’intrigue à tiroirs, les fausses pistes et les personnages louches se multiplient.

Il y a le détective alcoolique qui tombe toujours dans les pommes, le lanceur d’alerte à casquette qui se cache dans une arcade, le policier militaire ambigu et trop serviable, la froide matriarche (Joanna Lumley, alias Patsy dans Absolutely Fabulous) à la tête d’une méga-entreprise pharmaceutique, la nounou qui en sait trop et le fantôme du passé, si seulement c’était une blague.

Une fois la dernière révélation exposée, rien pour écrire à sa mère, on se rend compte que tout ce qui s’est déroulé entre les épisodes 3 et 7 n’a servi à strictement rien, à part nous mêler et meubler du vide.

Et la dernière scène, mon doux, quelle conclusion mièvre. Si vous avez lu le bouquin d’origine, sachez que la fin, qui se déroule en 2041, a été modifiée pour la télévision. Quel gâchis, tartiné de musique stressante aucunement nécessaire.

Le canevas des téléséries/livres de Harlan Coben ne bouge jamais. Dans un milieu aisé, où tout le monde vit dans une maison d’architecte, un personnage faillible, mais toujours beau, voit son univers chamboulé par un évènement dramatique. On devrait éprouver de l’empathie pour Maya, mère de famille monoparentale traumatisée par la guerre et conductrice redoutable d’autos trop chères.

Mais non. Maya fonctionne comme un robot à une seule expression indéchiffrable et on ne s’attache jamais à elle. On la suit dans son « enquête » parallèle à celle des flics qui, vous le constaterez, mène à un cul-de-sac géant.

Et comme nous sommes dans l’univers manucuré de Harlan Coben, ce cul-de-sac est bordé de superbes résidences aux immenses fenêtres (sans traces de doigt). De la mise en plis indestructible de l’héroïne à son manteau cintré en tweed, tout est impeccable dans Fool Me Once. Tout, sauf le scénario, digne d’une pub de Volvo.

Je lévite

Avec Saltburn sur Prime Video

Ce thriller psychologique dérangeant et surprenant a provoqué tout un buzz pendant le congé des Fêtes. Et ce n’est pas le genre de film qui se regarde en famille. En 2006, on y suit deux amis de l’Université d’Oxford, le riche Felix (Jacob Elordi) et le « pauvre » Oliver (Barry Keoghan), qui nouent une amitié intéressée virant à l’obsession. Réalisé par Emerald Fennell (Promising Young Woman), qui incarne également Camilla Parker Bowles dans les saisons 3 et 4 de The Crown, Saltburn évoque le travail d’Alfred Hitchcock et de Patricia Highsmith. Et c’est brillant.

Je l’évite

The Burnout de Sophie Kinsella

On a connu cette auteure britannique pour son amusante série L’accro du shopping (il y a eu neuf tomes). J’ai lu la plupart de ses autres livres, dont Ma vie (pas si) parfaite et Surprends-moi !, et jamais Sophie Kinsella n’a réussi à recréer une héroïne aussi attachante et drôle que Becky Bloomwood, la magasineuse compulsive. Son dernier bouquin, The Burnout, centré sur une jeune Londonienne souffrant d’épuisement professionnel, duh, m’est tombé des mains plusieurs fois. C’est ennuyeux, long et répétitif. Comme une grosse déprime saisonnière.