Dans sa nouvelle émission Brasserie chez P-A, en ondes depuis deux semaines à TVA, l’humoriste P. -A. Méthot – Paul-André Méthot de son nom complet – pince les mêmes cordes sensibles qui font vibrer les fans de Jean-Marc Parent depuis 35 ans.

C’est fou à quel point les deux comiques québécois, connus par leurs initiales PA et JMP, pratiquent le même art de l’anecdote improvisée et imbibée de nostalgie jusqu’à la moelle. Les deux tripent sur les gadgets, les briquets allumés dans un spectacle rock et les rassemblements « entre chums » qui écoutent du Scorpions sur une table tournante Pioneer.

Fréquenter la Brasserie chez P-A, c’est l’équivalent de vivre dans une chanson populaire de Kaïn, mais au Madame Bovary de Boucherville, où ont été enregistrés les quatre épisodes. Comme dans le temps.

En reculant au milieu des années 1990, on aurait assurément flashé les lumières en se branchant sur Brasserie chez P-A, une émission éclectique avec les goûts personnels de son animateur comme seul et mince fil conducteur. Résultat ? Un brin décousu.

Dans la même heure, on passe d’un segment d’anecdotes de toilettes (Guylaine Tanguay traîne toujours son pouche-pouche qui cache les odeurs agricoles, sachez-le) à une entrevue avec l’ex-athlète paralympique Jimmy Pelletier, qui pleure en se remémorant l’accident d’auto qui lui a coûté l’usage de ses deux jambes en 1996.

Il faudrait se brancher : soit on reste dans l’entrevue légère sur les bonbons de notre enfance, soit on saute dans le train de Josélito Michaud. Car ces deux types de télévision cohabitent difficilement dans une taverne, même la plus chic et accueillante.

Le premier épisode, consacré à la nostalgie, a été le plus jeanmarcparentesque jusqu’à présent. P.-A. Méthot y a empoigné une guitare électrique, il s’est pâmé devant un vieux « walkman Sony jaune avec les écouteurs », il a jasé avec son band (on aurait pu l’entendre dire : Redge, pars-moi une toune) et il a décrié la laideur des chandails Vuarnet des années 1980. « On dirait que toute me manque de mon passé », a-t-il justifié d’entrée de jeu.

Dans son monologue d’ouverture, P.-A. Méthot a évoqué les vieux téléphones à corde, fixés au mur, et il a rappelé, plus tard dans l’émission, les heures incalculables qu’il a passées à rembobiner des cassettes audio avec un crayon de plomb. « Vous souvenez-vous que ça coûtait une piasse d’amende au club vidéo si tu n’avais pas reculé le film », a questionné l’animateur dans un style d’humour d’observation quasi vintage.

Avec Peter MacLeod, Dominic Paquet, Patsy Gallant et Jean-Marc Généreux comme invités, on se serait cru au micro d’une radio commerciale en 1997, gag sur le lesbianisme de Samantha Fox inclus. En performance musicale, le rappeur KNLO, également membre d’Alaclair Ensemble, avait l’air de se demander ce qu’il fabriquait là, et nous aussi.

Bande annonce de l’émission Brasserie chez P-A

L’humoriste de la relève Megan Brouillard, 23 ans, est passée en coup de vent et, jusque-là, ma bonne foi tenait encore le coup. Puis, Brasserie chez P-A m’a achevé quand son animateur a ordonné à ses convives de tasser les tables pour danser le continental. Merci, mais non merci.

Ce qui fait un bon spectacle au Centre Vidéotron ne fait pas nécessairement une bonne émission de télé.

Le deuxième épisode, sur l’amitié, a réuni Cathy Gauthier, Matt Lang et Guylaine Tanguay et, en deux secondes, la nostalgie s’est réinvitée au party. Anecdotes de brosse dans un tout-inclus à Punta Cana, passion pour les céleris au Cheez Whiz et souvenirs d’une Hyundai Stellar, les colonnes du temple de l’humour n’ont pas été ébranlées.

S’en est suivi un test de dégustation à l’aveugle de croustilles aux saveurs bizarres d’écrevisse épicée ou de chèvre et piment d’Espelette. Deux auteurs ont ensuite parlé de leur livre Motel Mystère, et P.-A. Méthot a ramé très fort pour tisser des liens entre tous ces éléments disparates, qui s’emboîtaient mal les uns dans les autres.

Brasserie chez P-A essaie de recréer l’ambiance conviviale qui régnait dans La tour de Patrick Huard. Le problème, c’est le manque de contenu.

Il ressortait des infos éclairantes et des confessions étonnantes à La tour. Chez P.-A. Méthot, les discussions s’éparpillent sans ligne directrice et surfent sur le potin. Exemple : Guylaine Tanguay surveille chacun de ses musiciens pour qu’ils ne montent pas sur scène la braguette ouverte. Et après ?

P.-A. Méthot, qui anime le retour à la maison du FM93 à Québec, est un gars sympathique, intelligent, près de son public et, comme Jean-Marc Parent, il sait bien raconter des histoires. Il a de l’écoute et il pourrait vraiment extraire plus de jus aux gens sur son plateau.

Logée les jeudis à 20 h à TVA, Brasserie chez P-A a obtenu une cote d’écoute moyenne de 494 000 téléspectateurs, ce qui n’est pas mauvais dans le contexte actuel d’éparpillement et de surcharge des ondes. P.-A. Méthot cède toutefois sa case à Martin Matte en direct pour les prochaines semaines.

Deux autres épisodes de Brasserie chez P-A joueront à TVA les 7 et 14 décembre, et l’avenir de cette production faite de boisson et de blagues n’a pas été décidé.

Mon impression ? Ça sent le « last call », rallumez les lumières, on ferme la place.