Jeune, Moridja a connu guerre et pillages. Imprégné d’histoire et soucieux de trouver sa place en tant qu’artiste noir, il intègre le colonialisme, la politique et sa culture d’origine dans son art.

En 2008, il plonge dans les archives du Musée d’histoire de Nantes, sur la traite des esclaves. Cela le mène à créer la monnaie mori (!) : « J’avais dessiné et imprimé mes billets, avec lesquels j’achetais des cuillères chez des personnes. La valeur des esclaves était jugée sur leurs dents ou leur force. Là, je décidais du prix de la cuillère comme les États le font avec les matières premières en Afrique. Avec mes cuillères, je rachetais les esclaves. »

PHOTO FOURNIE PAR LA GALERIE HUGUES CHARBONNEAU

Un des billets exposés à l’ex-galerie Joyce Yahouda

En 2015, il expose à l’ex-galerie Joyce Yahouda des billets d’un mètre sur deux mètres sur lesquels ne figurent pas nos premiers ministres ou la reine d’Angleterre, mais bien Jacques Cartier, le chef siksika Isapo-Muxika (connu sous le pseudonyme de Crowfoot), Louis Riel ou encore le chef cri des Prairies Pitikwahanapiwiyin.

Le colonialisme, c’est son histoire. « Je pensais manquer d’inspiration au Canada, mais l’histoire canadienne m’inspire. Les Français ont colonisé les Autochtones. Les Anglais ont colonisé francophones et Autochtones. Nous, les immigrants, on vient coloniser tous les autres ! Chaque étape enrichit le territoire. Ça me permet de comprendre ma propre histoire et de nourrir ma douce colère. »