Née à Montréal en 1965, Antonietta Grassi vient d’une famille d’immigrants italiens arrivés au Québec dans les années 1950. Couturières, sa mère et ses tantes ont travaillé dans l’industrie textile en Italie puis à Montréal. Un labeur répétitif et mécanique qui l’a marquée. « Le tissage et la couture étaient tellement présents dans mon enfance que j’ai acquis le plaisir de travailler avec mes mains. Mon père, qui était charpentier, m’a aussi inspirée. »

C’est toutefois en design qu’elle a d’abord étudié, de 1984 à 1987, à l’Université Ryerson de Toronto. Puis, elle est revenue à Montréal travailler pour la société textile Consoltex. Elle y était chargée de déterminer les couleurs à la mode. « C’était une recherche sur les tendances. Quelle teinte choisir parmi les centaines de bleus ? J’allais à New York et Paris pour prendre le pouls esthétique du moment. »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Antonietta Grassi

Au début des années 1990, son besoin de créer a émergé. « J’avais commencé à suivre des cours d’histoire de l’art à Concordia. J’en ai eu un avec [le peintre] Jean McEwen. C’était fabuleux. Ensuite, j’ai étudié avec Yves Gaucher, qui est devenu mon mentor. Il m’a appris à dialoguer avec la peinture. J’ai réalisé que c’était ça que je voulais faire. »

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Une œuvre d’Antonietta Grassi

Mis à part McEwen et Gaucher, Antonietta Grassi a été influencée par de grands artistes tels que Betty Goodwin, Mark Rothko, Agnes Martin, Paul-Émile Borduas, Roman Opałka ou encore récemment Giorgio Morandi. Elle a bénéficié aussi de l’aide et de l’expérience de la peintre Brigitte Radecki et de la commissaire Sylvie Lacerte, qui participe à sa monographie qui sera publiée l’an prochain.

Toutes ces personnes ont eu un impact sur son style, qui découle, comme la programmation, du métier à tisser Jacquard. Mais si sa peinture semble numérique, il s’agit bel et bien d’un travail de fourmi. Des lignes et des couches faites au pinceau. « C’est un travail émotionnel », dit-elle, arguant, comme Riopelle, que sa peinture n’est pas abstraite. « Ce sont des tissus, des patrons, des données informatiques, des paysages urbains, des trains qui passent, des images de campagne. Ce sont des flashs. »

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