L'industrie du capital de démarrage au Québec repose de plus en plus sur les épaules de gens d'affaires qui souhaitent à la fois aider les jeunes entrepreneurs et réaliser de bons placements.

«Nous ne prétendons pas venir à la rescousse de l'État par nos interventions ciblées, mais nous savons que nous remplissons un espace important dans ce domaine», explique André Forest, vice-président d'Anges Québec.

Il n'hésite pas à dire que les anges financiers font ce que d'autres ne font plus en injectant en moyenne 425 000$ pour chacun des projets auxquels ils s'associent.

«Vers la fin des années 90, rappelle-t-il, on finançait tout et n'importe qui, ou presque, particulièrement durant la période folle des entreprises technos. Puis, la bulle a éclaté, et ceux qui finançaient des projets se sont brûlés.»

Cela a eu pour conséquence, selon lui, de rendre plus frileux les prêteurs associés au démarrage d'entreprises. «Les groupes d'anges financiers ont pris le relais à leur manière», note André Forest. C'est ainsi qu'Anges Québec est devenu le plus important, sinon le seul, organisme structuré et disposant d'une expertise élargie dans le financement d'entreprises en démarrage. «Nous sommes bien connectés à la réalité des entrepreneurs», ajoute-t-il.

En forte progression

Opinion partagée par le PDG de Réseau Capital, Jack Chadirdjian. Nommé il y a un an, il voit l'avenir du capital de démarrage avec optimisme. Il en veut pour preuve la forte progression des investissements consacrés à cette fin.

«En 2011, dit-il, les capitaux amassés ont totalisé 47 millions. En 2012, ils ont atteint 97 millions, soit le double de l'année précédente.»

La vitalité de ce secteur ne se dément pas. Depuis le début de 2013, près de 80 millions ont été consacrés au capital de démarrage. «On constate que les capitaux sont offerts, qu'ils proviennent de diverses sources, principalement du secteur privé, dans des fonds privés spécialisés qui soutiennent des projets prometteurs et qui veulent que ça marche, que ce soit rentable.À ce rythme, nous allons connaître une autre bonne année. C'est encourageant.»

Il n'hésite pas à dire que «c'est au Québec que ça se passe» quand il est question de capital de risque. «Il y a ici des entrepreneurs qui ont des idées brillantes et qui ont absolument besoin de capitaux et de la collaboration étroite de partenaires financiers pour que leur projet sorte du sous-sol où il a démarré", souligne-t-il.

Or, en dépit de son optimisme affiché, Jack Chadirdjian continue de déplorer les intentions d'Ottawa d'éliminer de façon graduelle, sur trois ans, les crédits d'impôt alloués aux fonds de travailleurs (Fonds de solidarité FTQ, Fondaction CSN) qui «sont des partenaires importants dans le démarrage».

«Nous avons fait des représentations auprès du gouvernement [Harper] il y a quelques mois et nous entendons revenir à la charge pour faire la démonstration que le Québec a plus que jamais besoin de ces leviers», conclut-il.