Gaétan Frigon, dragon, a fondé en 1996 l'agence de marketing relationnel Publipage, avec sa partenaire Hélène Héroux. Il en est le président exécutif.

Un vieux refrain

«S'adapter ou crever», lance crûment Gaétan Frigon.

«C'est le titre d'une de mes conférences. Dans la chanson Lindbergh de Charlebois, le refrain dit: «Je suis reparti sur Québecair, Transworld, North-East, Eastern, Western, pis Pan-American.» Moins d'une génération plus tard, ces compagnies aériennes avaient toutes disparu. Elles ne s'étaient pas adaptées.»

La leçon est claire: l'innovation, c'est la vie.

Un nouveau proverbe

Un autre souvenir... «Quand j'étais jeune, un vieux proverbe disait que la nécessité est la mère de l'invention. De nos jours, on ne peut plus dire ça.»

Joignant l'innovation à la parole, il propose un nouveau proverbe. «Aujourd'hui, l'innovation est la mère de l'invention. L'innovation elle-même est devenue une nécessité, autant pour les grandes entreprises que pour les PME. Les gens qui réussissent ont créé des nécessités au lieu de les subir.»

Un vieux truc

Un nouveau produit? Une nouvelle idée? Il faut les tester au préalable avec une étude de marché. «La meilleure analyse de marché, c'est le Saguenay-Lac-Saint-Jean, avise l'entrepreneur. C'est un territoire un peu plus isolé. Tu lances d'abord ton produit au Saguenay-Lac-Saint-Jean, tu multiplies les résultats par 21 et tu sais ce que tu vas faire dans la totalité du Québec. Ça ne ment pratiquement jamais.»

Une nouvelle avenue

«L'innovation, ça veut dire être capable de voir au-delà de ce qui est visible, souffle le dragon. Le visible, tout le monde le voit, tout le monde peut travailler dessus.»

Gaétan Frigon donne l'exemple de son entreprise. «Quand on a fondé Publipage en 1996, on était uniquement une agence de pages jaunes, c'est-à-dire d'imprimé.»

L'entreprise de placement d'annonces avait des bureaux à Montréal, Québec, Toronto, Calgary, Vancouver. Par leur entremise, une chaîne pancanadienne de restaurants pouvait par exemple placer une kyrielle d'annonces dans les pages jaunes partout au pays.

«On a fini avec 250 clients et 6000 points de vente. C'était drôlement payant. Mais il y a six ans, les affaires ont commencé à baisser. J'aurais pu m'asseoir sur mes lauriers, mais on a dit non: on va investir tous les bénéfices non répartis qu'on a faits depuis 15 ans et on va développer le futur de Publipage.»

Publipage a acheté une petite entreprise qui avait conçu une plateforme de marketing relationnel et a incité ses clients à transférer une partie de leur budget de pages jaunes vers l'internet. Plus de 2000 points de vente ont acquiescé.

En fait, innover consiste à prévoir les coups qui n'ont pas encore été donnés. «L'innovation vient avec l'idée de se protéger, de voir ce qui s'en vient dans le futur et de l'accepter. Ça revient à s'adapter ou crever: ne pas jouer à l'autruche.»