Qu'elles soient situées près de la rue Saint-Denis ou vers la pointe de l'île, on trouve de nombreuses entreprises innovantes dans l'est de Montréal. En voici cinq dans des domaines aussi variés que le vêtement intelligent, le recyclage et la planification de chirurgie dentaire.

ITEGA fait des miracles avec l'emballage

Un pain riche en fibres et en oméga-3, sans toutefois être bourré d'agents de conservation : voilà le genre de produits recherchés par le consommateur aujourd'hui à son épicerie. Tout un défi pour les grands distributeurs puisque le risque de perte est élevé. Un défi qu'ils peuvent relever à l'aide de l'Institut de technologie des emballages et du génie alimentaire (ITEGA), affilié au collège de Maisonneuve.

«L'emballage influence beaucoup la durée de conservation des produits», affirme Bruno Ponsard, directeur, ITEGA.

Par exemple, pour retarder l'apparition de moisissures sur un pain tranché, il faut jouer, entre autres, avec la perméabilité de l'emballage à l'oxygène et à la vapeur d'eau.

Pour les fruits et légumes, il faut un emballage avec une perméabilité sélective et adaptée pour leur permettre de respirer.

«Les entreprises commencent à voir l'emballage comme un investissement plutôt que comme une dépense puisqu'il permet de réduire les pertes», affirme M. Ponsard.

Entre 80 et 100 entreprises travaillent avec l'ITEGA chaque année et elles sont propriétaires des innovations réalisées. Environ 80 % sont dans le domaine agroalimentaire, les autres sont dans des secteurs variés.

Fondé en 2007, l'ITEGA embauche 11 personnes.

Camisoles intelligentes signées Hexoskin

Commander en ligne et recevoir en une semaine une camisole conçue et fabriquée au Québec capable, grâce à ses capteurs, de vous donner des informations en temps réel sur votre activité cardiaque et respiratoire, c'est maintenant possible grâce à Hexoskin, une entreprise installée dans Rosemont.

Le marché visé est large: de l'équipe sportive professionnelle au sportif du dimanche. L'ensemble comprenant la camisole, le dispositif et l'application se vend 400 $US.

«Nous aimerions rendre le produit encore plus accessible dans le futur», indique Pierre-Alexandre Fournier, cofondateur et chef de la direction, Hexoskin. L'innovation se poursuit maintenant en travaillant sur de nouveaux capteurs et en mettant en oeuvre des partenariats.«Nous avons une approche ouverte de l'innovation; notre interface permet à nos clients d'importer leurs données de façon sécuritaire pour les intégrer à d'autres logiciels», affirme Pierre-Alexandre Fournier.

En plus de vendre ses produits en ligne, Hexoskin a des vendeurs dans plusieurs pays et des distributeurs à Paris et à Dubaï.

Hexoskin compte 25 employés à son siège social à Montréal.

Pour concevoir l'aspect vêtement de son produit, l'entreprise a fait appel à l'expertise de Vestechpro, le centre de recherche et d'innovation en habillement affilié au cégep Marie-Victorin.

PHOTO FOURNIE PAR HEXOSKIN

Le modèle pour femme de la camisole intelligente Hexoskin avec son dispositif.

Espace pour la vie, un complexe en mutation

Les visiteurs de l'Insectarium pourront découvrir cet été les lucioles virtuelles de l'oeuvre d'art médiatique conçue par Mathieu Le Sourd et Etienne Paquette. Depuis l'an dernier, les visiteurs peuvent participer à l'oeuvre numérique Chorégraphie pour des humains et des étoiles de Mouna Andraos et Melissa Mongiat projetée sur le cône du Planétarium Rio Tinto Alcan. Des prestations musicales variées se tiennent également au Jardin botanique.

«Nous intégrons maintenant le milieu artistique québécois dans la création de nouvelles expériences pour le public ; c'est une façon de ratisser plus large et d'amener les gens à revenir fréquemment dans nos installations», affirme Anne Charpentier, directrice de l'Insectarium et porte-parole d'Espace pour la vie.

Le complexe muséal a aussi lancé des concours d'architecture pour ses grands projets d'infrastructure : doubler la superficie de l'Insectarium, un projet de 23 millions, et la migration du Biodôme, un projet de 22 millions.«Nous avons adopté une approche participative, de codesign, en demandant l'apport d'experts de différents horizons pour pouvoir vraiment rêver et nous avons eu des concepts très originaux», affirme Anne Charpentier.

Espace pour la vie reverra également les liens physiques entre ses quatre établissements. On intégrera davantage la nature à cet environnement bétonné.

PHOTO FOURNIE PAR ESPACE POUR LA VIE

Une idée de ce qu'aura l'air le Biodôme après sa grande migration, lors de laquelle ses circuits intérieurs seront réaménagés. Une préouverture est prévue pour 2017 à l'occasion du 375e anniversaire de Montréal, puis l'ouverture officielle au grand public est attendue pour 2018.

Usine pilote pour Polystyvert

Le polystyrène sert à emballer différents produits, mais il représente un enjeu de recyclage. Polystyvert, situé à Anjou, travaille à relever le défi et prévoit démarrer les activités de son usine pilote la semaine prochaine. «Nous sommes les plus avancés dans le monde avec notre procédé; l'association de producteurs de polystyrène en Europe EUMEPS, qui a une veille stratégique, nous l'a confirmé », affirme Normand Gadoury, vice-président, finances et stratégie Polystyvert.

Polystyvert installe des concentrateurs chez ses clients et ils y déposent leur polystyrène. Il s'y dissout dans de l'huile essentielle. Polystyvert collecte la solution et la filtrera dans son usine pour récupérer le polystyrène nettoyé de ses additifs. «Notre procédé nous permet d'obtenir une résine de très bonne qualité, presque aussi bonne que la vierge, alors on peut la vendre à un prix équivalent et surtout, l'utiliser en grande quantité dans la production de nouveaux produits», indique M. Gadoury.

Lorsque l'usine pilote aura fait ses preuves, l'entreprise ira chercher d'autre financement pour passer à une production à échelle industrielle. «Pour le moment, nous devons valider que notre procédé est vraiment pratique, efficace pour nos clients et qu'il leur permet de réaliser des économies en évitant d'envoyer leur polystyrène à l'enfouissement.»

Polystyvert a été créé par Solenne Brouard Gaillot en 2011.

PHOTO POLYSTYVERT

 Le nouveau design du concentrateur de Polystyvert réalisé par la firme Morelli Designers.

V2R Biomédical : faciliter les chirurgies dentaires

Les chirurgies de pose d'implants dentaires peuvent être complexes: il faut déterminer où réaliser les ancrages, parfois extraire une dent et enlever une partie de l'os pour insérer l'implant. Traditionnellement, le dentiste évalue ces éléments en pleine opération. V2R Biomédical permet aux dentistes de prendre ces décisions d'avance. «Les dentistes envoient leurs images médicales et nous réalisons virtuellement un plan de traitement pour assurer une intervention plus précise et plus rapide», explique Éric Wagnac, cofondateur de V2R Biomédical.

Un autre avantage de la technologie est que le gabarit utilisé pour guider la chirurgie peut ensuite se transformer en prothèse temporaire. «Ainsi, le patient n'est pas obligé de reporter son vieux dentier en attendant la fabrication de sa prothèse permanente», explique l'ingénieur biomédical.

La recherche et développement de ce produit a commencé en 2009 et l'homologation de Santé Canada a été obtenue l'an dernier. V2R Biomédical compte parmi ses clients plusieurs laboratoires dentaires.

V2R Biomédical vient aussi de concevoir une solution d'implants personnalisés qu'on appose directement sur l'os, sans vis. «On conçoit l'implant virtuellement à partir des images médicales pour éviter au patient de subir une chirurgie pour prendre l'empreinte de l'os, explique Éric Wagnac. Nous travaillons avec deux chirurgiens aux États-Unis et nous souhaitons travailler avec d'autres ici.»

PHOTO FOURNIE PAR V2R BIOMÉDICAL

V2R Biomédical permet de réaliser la planification d'une chirurgie de pose d'implants dentaires à partir d'images médicales.