Au moment où Tornatech souhaitait s'agrandir, Laval apparaissait comme l'endroit désigné où déménager l'entreprise spécialisée dans les contrôleurs de pompes à incendie. Plusieurs de ses 180 employés habitaient déjà cette ville. Elle s'est installée en mai dernier dans son nouveau bâtiment de 70 000 pi2, fruit d'un investissement de 12 millions de dollars, à l'intersection de l'autoroute 440 et du boulevard Curé-Labelle.

« On a de bons rapports avec Développement économique Laval », ajoute Bruno Goupil, président de l'entreprise, quelques heures avant de recevoir une visite du maire et d'une délégation de la Ville.

L'administration municipale se montre confiante. Pour l'illustrer, Marc Tremblay, directeur général adjoint au développement économique de Laval, utilise une image de Formule 1. « On a tourné l'épingle et on est maintenant dans le droit en pleine accélération. » L'épingle, c'est la crise de confiance qui a suivi les scandales de corruption il y a cinq ans. Le droit, c'est la croissance économique au rendez-vous à partir de 2017, comme le soulignait une étude de Desjardins cette année-là, mais aussi les statistiques sociodémographiques. L'Institut de la statistique du Québec (ISQ) anticipe que Laval sera la région du Québec avec la plus forte croissance de population d'ici 2036. Le secteur immobilier reflète cet optimisme, au premier chef avec l'Espace Montmorency, un projet de 420 millions de dollars mené par Montoni, Claridge et le Fonds immobilier de solidarité FTQ, qui prévoit 575 000 pi2 d'espace de bureaux et 175 000 pi2 d'espaces commerciaux.

LE VIRAGE DE LA VILLE

En 2016, Laval a lancé un programme de crédit de taxes foncières sur la construction ou l'agrandissement d'immeubles commerciaux et industriels. L'année suivante, le conseil municipal a approuvé une enveloppe de 4,5 millions pour des prêts ou des subventions aux entreprises. Au-delà du défi d'attirer des entreprises, l'enjeu de la rétention des jeunes pousses se posait. Stéphane Boyer, vice-président du comité exécutif et responsable du développement économique, souhaitait la mise en place d'un écosystème favorable à l'entrepreneuriat. « On l'a fait avec nos propres couleurs, indique l'élu. On ne voulait pas répliquer ce qui se faisait à Montréal. On voulait être complémentaire. » Dans les deux dernières années, le Parc d'innovation agricole de Laval (PIAL), le Centre d'incubation et d'accélération en mobilité intelligente à Laval (CIAMIL) et le Centre québécois d'innovation en commerce ont vu le jour.

SOUS LE SIGNE DE LA CONCERTATION

L'engouement semble gagner les entrepreneurs. « L'an dernier, on a reçu beaucoup plus de candidatures de jeunes qui veulent s'intégrer à Relève d'affaires », indique Jean-Philippe Cormier, président de ce comité qui fait office de jeune chambre de commerce dans la région.

« Les entreprises sont fières d'être lavalloises », constate Louise Leroux, qui a été nommée présidente directrice générale de la Chambre de commerce et d'industrie de Laval (CCIL) en mai dernier. « Ce qui m'a étonnée quand je suis arrivée, c'est vraiment la concertation et la collaboration du milieu. » Elle donne en exemple la cinquantaine d'intervenants impliqués dans le projet de Pôle régional d'innovation de Laval, qui a obtenu une aide financière de Québec en juin dernier. « Auparavant, le milieu était moins mobilisé à travailler avec les élus et les fonctionnaires, reconnaît Marc Tremblay. En ce moment, on travaille ensemble. »

DES DÉFIS

C'est aussi dans une approche de concertation que la CCIL va mener le projet Interconnexion, financé à hauteur de 4 millions par Québec, dont le but est de favoriser l'intégration des immigrés dans les milieux de travail, alors que plus de 28 % de la population lavalloise est originaire d'un autre pays. « On a perdu pas mal d'employés en raison de la mobilité », soulève pour sa part Bruno Goupil. Si ses employés en voiture sont comblés, Tornatech a des difficultés à pourvoir ses postes en production en raison des lacunes dans les transports collectifs. Pour répondre à ce genre de situation, Laval a déjà mis en service des taxis collectifs pour les parcs industriels et une navette gratuite pour desservir le centre-ville. Peut-être que d'autres solutions émergeront bientôt des entreprises incubées dans le CIAMIL.

Quelques chiffres

21 %

Croissance dans les dépenses en immobilisation à Laval évaluée en 2018 par l'Institut de la statistique du Québec. Il est à noter que depuis 2006, la région avait atteint son plus bas niveau à ce chapitre en 2017.

11 207

Nombre d'entreprises implantées à Laval en 2017.

155 800

Nombre d'emplois répertoriés dans l'île de Laval en 2016.

Source : Institut de la statistique du Québec