Comment faire de l'architecture de qualité à coût raisonnable? Suivez le plan.

Construire un immeuble commercial de qualité à prix raisonnable? «La recette, c'est une collaboration entre le client, l'architecte et l'équipe interdisciplinaire d'ingénieurs, explique l'architecte Josef Zorko, associé principal chez DMA Architectes. Il s'agit d'établir ensemble des critères de qualité.»

Les fondations du problème doivent être posées avant celles du bâtiment. «Plutôt que de dire qu'on va construire le bâtiment pour le moins cher possible, on se demandera à quel prix on doit le construire pour que ce soit un investissement rentable pour le client», décrit Josef Zorko.

Dans son marché et en comparaison avec ses concurrents, le promoteur établira quel loyer il peut espérer obtenir par pied carré. Il précisera quel rendement il veut toucher sur son investissement. Le budget du projet en découle. Ensuite, il s'agit de construire le bâtiment optimal en fonction de ce budget.

Sans cible ni jalons, la quête éperdue des économies mènera plutôt à de néfastes compromis et à une piètre architecture.

Paradoxalement, le prix raisonnable passe également par un investissement dans la compétence. «Il faut engager des architectes et des concepteurs talentueux, à tous les niveaux de la production», affirme Clément Demers, professeur titulaire à l'École d'architecture de l'Université de Montréal et directeur général du Quartier international de Montréal. «On ne doit jamais les engager sur la base du prix.»

La convergence de ces compétences avec la vision du promoteur assurera la cohésion du projet. «Tout doit se tenir, dit-il. Il doit y avoir une cohérence. Sinon, tôt ou tard, il y aura des points faibles.» Il cite en exemple de succès l'immeuble de la Caisse de dépôt et placement du Québec - un des plus beaux immeubles de Montréal, soutient-il.

«Compte tenu des contraintes techniques - construction au-dessus de l'autoroute et sur un terrain extrêmement difficile -, ce n'est pas un immeuble qui a coûté très cher. Il y a eu un pseudo-scandale sur son coût, alors que personne n'a pris la peine d'aller lire le rapport du vérificateur. C'est un projet qui n'aura besoin d'aucune modification architecturale pour les 50 à 100 prochaines années.»

Il faut encore tenir compte des avantages sur le plan psychologique. Les employés sont heureux de travailler dans cet immeuble, assure-t-il. Or, les gens heureux sont plus productifs.

Le bon matériau, pas le plus fastueux

La qualité architecturale n'est pas synonyme de matériaux coûteux. «Les matériaux les plus économiques ne sont pas nécessairement les plus durables, mais on n'est pas non plus obligé d'aller dans l'autre extrême et d'engager des frais fastueux pour faire une architecture significative de qualité durable», soutient Anne Cormier, directrice de l'École d'architecture de l'Université de Montréal. Clément Demers suggère d'éviter les détails décoratifs superflus, qui encombrent sans rien ajouter à la qualité du bâtiment.

«Avoir seulement quelques matériaux plutôt que d'en avoir cinq ou six simplifie drôlement les détails, l'exécution et l'entretien.»