Bâtir à la fois une entreprise et un patrimoine en vue de la retraite représente un défi. Près des trois quarts (72 %) des propriétaires d'entreprise auraient épargné moins de 100 000 $, selon un rapport de BMO Gestion de patrimoine. Voici quelques conseils pour y arriver.

CHOISIR LE BON RÉGIME DE DÉTENTION

Entreprise individuelle ou incorporation ? Il n'y a pas de réponse unique. « L'incorporation permet un fractionnement de revenu pour verser des dividendes à un membre adulte de la famille qui serait actionnaire, par exemple, indique Mathieu Ducharme, banquier privé chez RBC Gestion de patrimoine. Ça peut aussi permettre de retarder le paiement d'impôt dans le temps. Mais ce n'est pas pertinent pour tout le monde. Si les besoins personnels correspondent à ce qui est généré par l'entreprise, ce n'est pas bénéfique d'être incorporé. » D'où l'importance de s'informer afin de prendre la bonne décision. De nombreux professionnels peuvent d'ailleurs vous aider.

BIEN S'ENTOURER

C'est vrai pour les collaborateurs de son entreprise, mais aussi pour les professionnels en gestion de patrimoine. Comptable, planificateur financier, notaire, fiscaliste, ils peuvent tous être d'un grand secours. « C'est important d'être transparent avec eux afin qu'ils connaissent bien les détails de votre famille, vos projets, les enjeux de votre secteur d'activité, etc., indique Pascale Giroux, planificatrice financière au service aux entreprises chez BMO. Certains trouvent que ça coûte cher, mais ça peut empêcher des coûts futurs beaucoup plus importants. » Dans le tourbillon du démarrage, trop d'entrepreneurs ne prennent pas le temps de consulter des spécialistes, selon elle. Ils s'exposent alors à différents problèmes qu'ils auraient pu éviter.

ANALYSER LA FISCALITÉ

Certaines décisions peuvent avoir un impact sur vos impôts aujourd'hui et lors de la vente de l'entreprise. Pour éviter d'envoyer trop d'argent au fisc, de nombreuses solutions existent. « L'entrepreneur peut être payé en salaire ou en dividende, par exemple. Il faut évaluer la meilleure solution avec le comptable », note Mme Giroux. L'entrepreneur devrait aussi s'assurer de rester admissible à l'exemption de gain en capital pour les propriétaires de petites entreprises. « Pour 2016, elle s'élève à 824 165 $, précise M. Ducharme. Si on laisse passer une exonération de ce montant, ça peut être fâcheux. »

PRÉVOIR LE PIRE

Personne n'est à l'abri d'un conflit entre associés, d'une maladie, d'un décès ou autre. Il est donc important de protéger son patrimoine. « Trop de gens négligent d'avoir une convention d'actionnaires, déplore M. Ducharme. En cas de séparation des associés ou autre, il n'y a pas de plan. » « C'est aussi important de voir avec un avocat ou un notaire ce qui arrive en cas de décès, par exemple, note Mme Giroux. Même chose pour une invalidité importante. » « Si un objectif est la protection contre les créanciers futurs, il peut être pertinent de transférer les surplus dans une société de gestion, par exemple », ajoute M. Ducharme.

ÉPARGNER POUR LA RETRAITE

Compter uniquement sur l'argent tiré de la vente de l'entreprise pour la retraite est risqué. « Si l'entrepreneur doit prendre une retraite anticipée, par exemple, il doit avoir des liquidités, note Mme Giroux. S'il est incapable de vendre un immeuble rapidement, par exemple, il doit avoir accès à d'autres sommes. » Pour sa retraite, le propriétaire peut utiliser les fonds de l'entreprise pour se verser une cotisation REER. Il peut aussi mettre en place un régime de retraite individuel. « Il n'y a pas nécessairement une solution meilleure que l'autre, note M. Ducharme. Il faut faire une évaluation pour l'individu et l'entreprise. »

PRÉPARER SA SORTIE

Même si l'entrepreneur n'est pas prêt à partir, il se doit de préparer sa relève. « Des professionnels peuvent l'accompagner dans le processus de reprise de l'entreprise, souligne Mme Giroux. Des structures fiscales peuvent aussi être mises en place si la personne ne peut la racheter du jour au lendemain, par exemple. C'est du cas par cas. » L'important, c'est d'avoir un plan. « Un faible pourcentage des entrepreneurs ont un plan de relève, constate M. Ducharme. On dit aux propriétaires que c'est important pour assurer la pérennité de l'entreprise. Elle pourra ainsi continuer de soutenir sa famille et celle de ses employés. »