Tôt ou tard, il faudra bien que les taux d'intérêt montent. Bien que l'on ne s'attende pas à ce que les banques centrales relèvent leurs taux directeurs cette année, les taux obligataires, eux, risquent de monter bientôt, entraînant avec eux les taux hypothécaires.

«Une hausse de 50 à 60 points centésimaux [de 0,50 à 0,60% ] des obligations de 10 ans devrait se concrétiser d'ici la fin de l'année, autant au Canada qu'aux États-Unis», affirme François Dupuis, économiste en chef au Mouvement Desjardins. Voici comment la hausse des taux d'intérêt pourrait influencer certains aspects de votre patrimoine.

La retraite

La hausse des taux peut constituer une bonne nouvelle pour ceux qui sont plus conservateurs dans leurs placements et qui investissent dans des obligations ou des certificats de dépôt garantis, car ils gagneront plus de revenus. Mais on risque de voir en même temps une augmentation de l'inflation, souligne Hélène Gagné, gestionnaire de portefeuilles chez Gestion privée Peak et auteure de deux livres sur la retraite et l'investissement. Cela annulera les gains de revenus. «Souhaitons que la hausse des taux et de l'inflation soit graduelle, car ce qui fait mal, c'est quand elle est trop rapide», dit-elle.

L'immeuble

Pour les propriétaires d'une maison encore grevée d'une hypothèque, les mensualités augmenteront lorsque celle-ci devra être renouvelée et qu'il y aura eu une hausse des taux. Quant aux locataires, ils doivent s'attendre à une augmentation de loyer plus forte. Mais qu'arrivera-t-il à la valeur de la propriété lorsque les taux d'intérêt monteront? À long terme, la valeur de la propriété augmente avec l'inflation. Mais à court et à moyen terme, il y a aussi les modes qui expliquent les variations de prix, croit Hélène Gagné. Ainsi, durant les années 90, les immeubles ne s'appréciaient pas beaucoup, c'était les Bourses qui montaient. «Mais en 2000, lorsque la bulle a éclaté, l'immeuble est revenu à la mode», dit-elle.

Le portefeuille de placements

C'est sur la valeur des obligations qu'une hausse des taux d'intérêt a un effet dommageable. Et plus l'échéance des obligations est longue, plus la baisse du prix sera importante. «À l'approche d'une hausse des taux obligataires qui pourrait se produire avant même que les banques centrales n'amorcent une augmentation des taux directeurs, vaut mieux détenir des obligations de bonne qualité et dont l'échéance est relativement courte», dit Hélène Gagné. Quant aux actions, si la hausse des taux est raisonnable, les actions devraient continuer de s'apprécier, à moins bien sûr que l'économie ne déçoive.

Les rentes viagères

Ceux qui songent à convertir en rentes viagères leurs économies accumulées dans un REER ou celles déjà transférées dans un FERR doivent avoir à l'esprit qu'au moment d'établir la rente, le niveau des taux d'intérêt influence les sommes qui seront versées. Par exemple, une hausse des taux sur les obligations à long terme de 1% entraînera une hausse de la rente qui pourrait atteindre 10%, puisqu'on part de niveaux relativement bas, explique Hélène Gagné. Alors si vous croyez que les taux obligataires vont monter bientôt, il n'y a pas d'urgence à convertir leurs économies en rentes viagères.

Bien diversifier ses placements

Dans son document intitulé Comment choisir vos placements ?, l'Autorité des marchés financiers (AMF) conseille de bien diversifier ses actifs. La répartition d'actifs, explique-t-on, est la proportion de chaque type de placement que vous désirez avoir dans votre portefeuille, notamment, la proportion de votre portefeuille détenue en actions, en obligations, en titres de fonds négociés en Bourse, etc. Pour choisir la répartition d'actif qui vous convient, ajoute l'AMF, vous devez considérer vos objectifs de placement, votre degré de tolérance au risque, votre horizon de placement, etc. Pour y arriver, précise l'organisme, votre représentant peut vous aider. Pour bien diversifier vos placements, l'AMF rappelle de ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier. Par exemple :

> Confier des sommes à différentes institutions.

> Avoir différents types de placements (immobilier, actions, obligations, etc.).

> Pour les placements qui ont des échéances, diversifier les échéances. Par exemple, avoir des certificats de placement garanti ou des obligations d'une durée d'un an, deux ans et cinq ans.

> Pour les titres de participation, investir dans différents secteurs. Par exemple, pour les actions, avoir des actions dans les secteurs des institutions financières, des ressources, de la technologie, etc.