L'univers des fonds communs de placement regorge de produits qui se distinguent par le rendement qu'ils offrent à l'épargnant, mais aussi par le niveau de risque qu'ils lui imposent. Quels sont les avantages et inconvénients de chacun? Quatre experts se penchent sur la question.

1. Fonds de marché monétaire

Voilà le produit le plus sécuritaire qui soit. Le hic, c'est que ses rendements sont à l'avenant, donc anémiques.

Les fonds de marché monétaire investissent entre autres dans des obligations à court terme de moins d'un an et des bons du Trésor de 90 jours.

«Ce sont des placements de très, très court terme, explique Nathalie Godbout, vice-présidente adjointe, planification et utilisation des produits, chez Groupe Investors.

Ces fonds sont ainsi utilisés lorsqu'on laisse des sommes sur les lignes de côté, explique Éric Landry, directeur principal, développement des produits d'épargne spécialisés au Mouvement Desjardins. «On s'en sert habituellement comme élément de transition dans le développement d'une stratégie», précise-t-il.

2. Fonds à revenus fixes

Les fonds à revenus fixes regroupent des titres comme des obligations gouvernementales, mais aussi d'autres types de créances comme des obligations de sociétés.

«C'est la portion sécuritaire d'un portefeuille», souligne Pascale Imbeau, vice-présidente et conseillère en placement chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne.

Bien qu'ils aient un effet stabilisateur sur le portefeuille, ces fonds ne sont pas sans risque, explique Dominic Martin, vice-président, solutions d'investissement et gestion de patrimoine à la Banque Nationale. Surtout dans un contexte où les taux d'intérêt sont appelés à augmenter.

«Quand les taux d'intérêt montent, la valeur des obligations diminue, dit-il. Et ça risque d'apporter un rendement négatif sur certains fonds.»

Selon lui, il est important de diversifier son portefeuille d'obligations en allant à l'international.

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Nathalie Godbout, directrice gestion de produits chez Investors

3. Fonds de placement en actions

Les fonds d'actions permettent de diversifier ses actifs par l'entremise de sociétés publiques cotées en Bourse. Ils sont par conséquent plus risqués que les fonds à revenus fixes, mais nécessaires, selon Nathalie Godbout.

«Ce sont eux qui amènent de la croissance dans tout portefeuille», dit-elle.

Pour en profiter pleinement, mieux vaut répartir ses actifs, souligne Éric Landry, en achetant notamment des titres américains ou ceux d'entreprises étrangères.

«Le marché canadien ne représente qu'une petite fraction de l'économie mondiale, dit-il. On veut se diversifier par secteur d'activité, mais géographiquement aussi.»

4. Fonds équilibrés

Les fonds équilibrés constituent une façon de tirer profit de la stabilité des titres à revenus fixes tout en profitant du marché boursier.

«C'est un outil pratique pour les petits investisseurs, indique Pascale Imbeau. Il permet d'avoir une exposition à toutes les catégories d'actifs sans multiplier le nombre de transactions et le nombre de fonds à l'intérieur d'un portefeuille.»

Habituellement, la répartition des investissements en actions et en obligations demeure stable et est réajustée périodiquement selon les conditions du marché.

Si le fonds en est un de «répartition», ce n'est toutefois plus vrai, souligne Nathalie Godbout.

«Dans ces cas-là, la répartition peut aller dans une extrémité ou l'autre selon ce que le gestionnaire de portefeuille croit qu'il soit préférable», précise-t-elle.

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Éric Landry, directeur principal, développement des produits d'épargne spécialisés au Mouvement Desjardins

5. Fonds de dividendes

Comme leur nom l'indique, les fonds de dividendes sont composés de titres de grandes entreprises qui versent un dividende.

«Ce sont des entreprises généralement établies depuis longtemps et qui ont traversé plusieurs cycles économiques», souligne Pascale Imbeau.

Le dividende s'ajoutant au rendement du titre, l'investisseur peut faire des gains sur deux plans, ajoute-t-elle. «Ces fonds-là sont moins volatils et vont donc avoir tendance à offrir une meilleure stabilité et un meilleur rendement à long terme.»

Selon Dominic Martin, ces titres profitent aussi d'un avantage fiscal. «Le revenu de dividende est imposé de façon plus avantageuse que les revenus d'intérêts d'un CPG ou d'une obligation», dit-il.

6. Fonds spécialisés

Parmi les fonds alternatifs, on compte les fonds immobiliers qui investissent dans des immeubles et des infrastructures à revenus, ou qui misent sur des créances hypothécaires.

«C'est un produit qui a connu une certaine effervescence au cours des dernières années, explique Éric Landry. Avec les taux d'intérêt qui sont très bas depuis 2008, les gens avaient besoin d'une source de revenus courants.»

Pour les plus téméraires, il existe les fonds de produits de base qui investissent principalement dans les ressources naturelles. «Ce sont des fonds très volatils qui sont faits pour des gens avec une tolérance au risque», souligne le spécialiste.

7. Fonds socialement responsables

Du lot des fonds spécialisés, voilà une catégorie qui se démarque.

«Ces fonds gagnent énormément en popularité», souligne d'ailleurs Éric Landry.

Selon lui, les personnes qui s'intéressent à ces fonds ne cherchent pas que du rendement en argent, mais se sentent aussi concernées par l'impact environnemental, la responsabilité sociale et la transparence de la gouvernance des entreprises dans lesquelles elles investissent.

Côté performance, ces fonds n'ont rien à envier aux autres, soutient Pascale Imbeau. «Il n'y a pas d'avantage ou d'inconvénient», dit-elle. Selon une analyse de l'Association pour l'investissement responsable, le rendement moyen de ces fonds serait même la plupart du temps supérieur à celui de leurs vis-à-vis.

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Pascale Imbeau, vice-présidente et conseillère en placement chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne

8. Fonds de fonds

Les fonds de fonds, ou portefeuilles de fonds, sont des produits de diversification offerts aux clients en fonction de leur profil d'investisseur et de leur tolérance au risque.

«Pour un investisseur qui commence, c'est une très bonne solution parce que ça fournit une belle diversification», souligne Nathalie Godbout.

Comme pour les fonds équilibrés, ces fonds sont rééquilibrés selon la performance de chaque sous-ensemble du fonds, ajoute-t-elle.

Les frais de gestion associés à ces fonds sont «similaires à ceux des fonds équilibrés», indique pour sa part Dominic Martin. Dans certains cas, toutefois, les frais peuvent être un peu plus élevés, admet-il.

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Dominic Martin, vice-président, solutions d'investissement et gestion de patrimoine à la Banque Nationale