Montréal se démarque de plus en plus à l'international. Pour l'entrepreneuse Danièle Henkel, rendue célèbre grâce à l'émission de télévision Dans l'oeil du dragon, et Jean-François Bouchard, cofondateur de l'agence de publicité Sid Lee, cela s'explique notamment par la créativité qu'on trouve à Montréal, par sa diversité et son environnement propice à l'entrepreneuriat.

Miser sur l'international

Danièle Henkel

Âge: 59 ans

Occupation: présidente fondatrice des Entreprises Daniele Henkel, actives dans le domaine du bien-être.

À Montréal depuis: 25 ans



Diversité


«Montréal est une ville unique avec une soif de connaître et d'expérimenter, une belle diversité, on y parle plusieurs langues et on peut y manger de tout, affirme Danièle Henkel. Je voyage beaucoup et je ne rapporte jamais rien. On a tout chez nous!»

Pourtant, elle a trimé dur pour faire sa place à son arrivée au Québec, il y a 25 ans. Elle remarque des améliorations depuis, mais elle croit que nous pourrions tirer davantage profit de cette diversité culturelle.

Montréal a d'autres petits travers à ses yeux, comme la complexité administrative attribuable à ses différents ordres gouvernementaux.

«Le temps qu'on passe à chercher des documents est abominable, et cela fait perdre de l'argent à tout le monde ! Puis les infrastructures sont une catastrophe!»

Mais elle considère les coûts d'exploitation des entreprises faibles et les conditions fiscales avantageuses pour la R & D; on y trouve 11 établissements universitaires et il fait bon vivre à Montréal, comme en témoignent plusieurs classements internationaux. «Montréal est propice aux affaires!»

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Danièle Henkel, présidente fondatrice des Entreprises Daniele Henkel, croit que Montréal a de grands atouts qu'on oublie souvent, alors que c'est à partir d'eux qu'on devrait bâtir.

Jean-François Bouchard

Âge: 47 ans

Occupation: avocat de formation, cofondateur de l'agence de publicité Sid Lee.

À Montréal depuis: plus de 25 ans

Créativité

«Montréal offre un terreau fertile de créatifs multidisciplinaires dont on peut exporter le talent», affirme Jean-François Bouchard.

C'était son pari «fou» lorsqu'il a créé l'agence, il y a 22 ans. Aujourd'hui, il a des clients aux quatre coins du monde, puis des bureaux à Amsterdam, Paris et New York.

Une critique par rapport à ce bassin de créateurs montréalais : son manque de bilinguisme!

«Pour travailler à l'étranger, il faut fonctionner en anglais, et pour nous, ç'a été un défi de trouver des gens très talentueux parfaitement bilingues. Moi-même, j'ai dû faire des efforts pour améliorer mon anglais en lançant Sid Lee, et sans ça, nous ne serions pas au même point aujourd'hui. Il faut célébrer le bilinguisme tout en étant fiers de notre culture et de notre langue française. Du progrès a été réalisé, mais il reste du travail à faire.»

Grâce à sa réputation, il remarque que Montréal est maintenant capable d'attirer des talents de l'international. «Ce sang neuf crée une mouvance propice à l'innovation.»

Forces

Alors que plusieurs régions connaissent une décroissance de leur population active et une rareté de main-d'oeuvre, Montréal se démarque.

«Avec l'arrivée d'immigrants, les 15-64 ans peuvent rester en nombre suffisant pour pourvoir les postes disponibles», affirme Guylaine Baril, économiste principale, Emploi-Québec, Île-de-Montréal.

Montréal a aussi gardé une force d'attraction pour les entreprises.

«Lolë déménage son siège social de Longueuil à Montréal, note Mme Baril. Le marché métropolitain est très intégré et on retrouve des concentrations d'entreprises sur différents lieux, comme la Cité du multimédia. Ces jeunes travailleurs en jeux vidéo et en effets spéciaux recherchent ce milieu urbain : c'est plus motivant pour eux qu'un parc industriel de banlieue, même si le prix de location des locaux est plus élevé.»

L'économiste remarque d'ailleurs que le secteur des jeux vidéo et des effets spéciaux a amené beaucoup de création d'emplois à Montréal récemment. «Ce secteur a vraiment un rayonnement mondial.»



Défis


Un défi est de s'assurer que la main-d'oeuvre acquière les compétences pour répondre aux besoins du marché du travail.

«Nous diffusons de l'information sur les compétences recherchées et nous accompagnons les entreprises dans la prévision de leurs besoins, explique Guylaine Baril. Des portions de la population sont encore sous-représentées sur le marché du travail, comme les immigrants et les personnes plus âgées.»

Deux secteurs de pointe doivent aussi reprendre leur envol: l'aéronautique et la biopharmaceutique.

«Le report de la fabrication de la CSeries de Bombardier a eu un effet majeur sur les pertes d'emplois récemment, mais la production devrait démarrer cette année et créer de l'emploi, explique Mme Baril. Il y a aussi eu de bonnes nouvelles en biopharmaceutique avec notamment l'annonce de la construction d'une usine de Green Cross, qui doit embaucher environ 150 personnes. Le CHUM, le CUSM et Sainte-Justine ont annoncé pour leur part un partenariat pour stimuler la recherche et créer au moins 500 emplois en 5 ans. Ça pourrait aider le secteur.»

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Jean-François Bouchard, cofondateur de l'agence de publicité Sid Lee.

Montréal en chiffres

Taux d'activité

Montréal: 64%

Province de Québec:  64,5%

(décembre 2014)



Taux de chômage


Montréal: 9,9%

Province de Québec: 7,6%

(décembre 2014)

Revenu disponible par habitant

Montréal:  26 984$

Province de Québec: 26 774$

(2013)

Source : Institut de la statistique du Québec

5 grands employeurs du secteur privé

Bombardier: 13 400 employés

Bell: 11 000 employés

Air Canada: 6700 employés

CGI: 5000 employés

CAE: 3200 employés

19: Nombre de parcs industriels

Trois plus importants secteurs d'activité de la région

1-Soins de santé et assistance sociale: 114 700 emplois

2-Services professionnels, scientifiques et techniques: 106 900 emplois

3-Commerce de détail: 96 500 emplois

Entreprises dont le siège social se trouve dans la région

Power Corporation (Vieux-Montréal)

BCE (L'Île-des-Soeurs)

Bombardier (centre-ville)