Les producteurs fournissent les matières premières et les fabricants les transforment en une multitude de produits qui remplissent les tablettes. La vigueur de l'industrie de la transformation alimentaire repose sur l'abondance de ses ressources, mais aussi de sa main-d'oeuvre.

Dans un contexte de ralentissement économique, les travailleurs sont pourtant de plus en plus nombreux à occuper cet important maillon de l'industrie alimentaire. Alors que d'autres secteurs d'activité ont connu des pertes d'emploi, le secteur de la transformation alimentaire au Québec affiche une croissance du nombre d'emplois de 3,6%, soit 2223 affectations de plus en 2011, pour un total de 64 770 emplois.

L'ensemble du secteur manufacturier a plutôt connu une baisse de 1,7%. La progression s'observe dans quatre sous-secteurs dans lesquels l'emploi a crû: la préparation de boissons et de produits de tabac (24%), la fabrication de produits de viande (7%), la mise au point d'autres aliments (5%) ainsi que la production de sucre et de confiseries (4%).

En comparaison, le recrutement de main-d'oeuvre a peu varié en Ontario (baisse 0,6%) et dans le reste du Canada (hausse de 0,2%).

«L'industrie de la transformation alimentaire est le premier employeur manufacturier et le deuxième secteur manufacturier en importance au Québec. Les entreprises de transformation alimentaire achètent environ 70% de l'approvisionnement des usines. Elles sont un client majeur pour la production agricole», affirme Dimitri Fraeys de Veubeke, vice-président Innovation et relations avec les membres au Conseil de la transformation agroalimentaire et des produits de consommation (CTAC).

Secteur stable

Contrairement à d'autres secteurs manufacturiers, l'industrie de la transformation alimentaire n'est pas sujette aux nombreux soubresauts économiques. «Elle joue un rôle de stabilisateur sur l'économie», estime Marie-France Héroux, chargée de projets au Comité sectoriel de main-d'oeuvre en transformation alimentaire (CSMOTA).

«Les gens continuent de manger trois repas par jour, peu importe la crise, fait aussi remarquer le vice-président Innovation de la CTAC. Il peut y avoir certains déplacements de marché, mais globalement, c'est stable».

Le spécialiste observe notamment une croissance dans le domaine des confiseries, avec l'usine de Saint-Hyacinthe de Barry Callebaut, important fournisseur en chocolat pour l'Amérique du Nord. Autrement, le secteur affiche une croissance constante d'environ 6%.

Une marge qui demeure inférieure à celle de l'Ontario, souligne toutefois M. Fraeys de Veubeke. «Il y a une plus forte concentration de grandes bannières au Québec, explique-t-il. Le secteur de la transformation des aliments du Québec doit aussi faire face à des dépenses qui n'existent pas chez son voisin, comme le régime québécois d'assurance parentale, la redevance sur l'eau ou la collecte sélective des matières recyclables.»

Le financement de cette collecte par les entreprises génératrices d'emballages est passé de 50% en 2009 à 80% en 2011, pour atteindre 100% en 2015. «Les prix ne changeront pas. C'est l'industrie qui doit absorber le coût de ces dépenses», note M. Fraeys de Veubeke.

Quant aux exportations du secteur de la transformation agroalimentaire, elles se chiffrent à 5 milliards, avec une balance commerciale de 120 millions en 2010.

Nombreux défis

L'industrie agroalimentaire est en constante évolution. Les consommateurs, tout comme les ministères de la Santé, se préoccupent de plus en plus du contenu des assiettes. «Les règlementations gouvernementales pour les normes de qualité sont de plus en plus strictes», renchérit Mme Héroux.

La réduction de la teneur en sodium compte parmi les nombreux défis du secteur de la transformation des aliments pour les prochaines années. L'amélioration de la productivité, la compétitivité, ainsi que l'augmentation du coût des céréales et des intrants (pétrole, maïs, engrais) sont aussi du nombre.

La transformation alimentaire

- 64 770 emplois

- 2000 établissements

- Croissance annuelle des ventes de 2004 à 2008: 6,2%

- Exportations annuelles: 5 milliards

- 34% du PIB de l'industrie bioalimentaire québécois

Part des cinq secteurs fournissant 80% des livraisons bioalimentaires (2010)

- Viandes: 24%

- Produits laitiers: 20%

- Boissons et produits du tabac: 15%

- Boulangerie: 15%

- Aliments pour animaux: 8%