L’image d’un parc industriel est traditionnellement peu attirante, des rues et des bâtisses souvent sans âme. Drummondville veut changer la donne et construire un écoparc industriel. Le projet, dont la première pelletée de terre est prévue en 2026, se veut un milieu de vie dynamique pour ses usagers, où nature et industrie cohabiteront.

« Avec ce nouvel écoparc, on veut prendre ce qui pourrait être vu comme une contrainte, c’est-à-dire la protection des milieux naturels, et en faire une opportunité », souligne Stéphanie Lacoste, mairesse de Drummondville, en entrevue avec La Presse. Près du tiers de la superficie du futur parc industriel est occupé par des milieux naturels protégés. En plus de les préserver, Drummondville entend les mettre en valeur, notamment en y aménageant des sentiers de marche, de ski de fond et de raquette pour les employés du parc.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Stéphanie Lacoste, mairesse de Drummondville

Développement durable, c’est le mot d’ordre de ce projet. La Ville entend faire de ce parc industriel un écosystème où les entreprises collaborent afin de minimiser leur impact environnemental.

Drummondville entend également tirer son épingle du jeu dans la filière batterie, qui s’implantera dans le Centre-du-Québec. L’emplacement de l’écoparc, aux abords de l’autoroute 55, « est parfait pour y installer des entreprises qui vont soutenir les grands donneurs d’ordres de cette filière », souligne Stéphanie Lacoste.

Symbiose industrielle

À terme, l’écoparc pourrait accueillir une centaine d’entreprises. Drummondville compte les accompagner dans l’adoption de meilleures pratiques environnementales, entre autres en invitant le transfert de connaissance entre celles-ci. « On veut, par exemple, que les déchets d’une entreprise deviennent les intrants de l’entreprise adjacente, et les inviter à mutualiser leurs services, comme le transport », précise Philippe Cantin, conseiller stratégique à la Ville de Drummondville.

Autre élément central du projet : les transports en commun. L’écoparc sera desservi par un réseau de navettes, en plus d’être arrimé aux lignes d’autobus déjà existantes. Un projet qui allait de soi pour Drummondville, qui entend réduire d’environ 10 % la part modale de l’auto solo sur ses routes.

C’est un très grand parc industriel : on parle d’environ 25 millions de pieds carrés nets à mettre en valeur.

Philippe Cantin, conseiller stratégique à la Ville de Drummondville

Une poignée de parcs industriels comparables existent au Québec, mais le concept d’écoparc demeure embryonnaire. « On pense sincèrement que ça va être le développement de l’avenir », affirme Stéphanie Lacoste.

Une économie diversifiée

Le projet étant encore sur la planche à dessin, la Ville tente de cibler les entreprises qu’elle souhaite attirer. « Mais une chose est sûre, on veut éviter la cannibalisation de nos entreprises déjà présentes », insiste Philippe Cantin.

Compte tenu de la pénurie de main-d’œuvre et de la crise du logement qui sévissent dans sa région, Drummondville espère attirer des entreprises dont la chaîne de production est automatisée. Pour accompagner les entreprises dans ce sens, Drummondville compte sur le Centre national intégré du manufacturier intelligent (CNIMI), un centre de recherche et développement qui accompagne les manufacturiers dans leur transition numérique.

Fruit d’une collaboration entre l’UQTR et le cégep de Drummondville, le CNIMI s’installera au cœur de l’écoparc. « Les entreprises qui veulent automatiser leurs chaînes de transformation ou gagner en efficacité pourront venir cogner à la porte du CNIMI, et les chercheurs vont travailler avec eux », prévoit Stéphanie Lacoste.