Un sondage réalisé récemment par la BMO révèle que les frais de subsistance mensuels de base ont augmenté de près de 400 $ en moyenne d’une année à l’autre au Canada. Comment affronter une telle hausse tout en évitant de diminuer son épargne et de mettre en danger ses projets à plus long terme ? Conseils d’experts.

Le budget

Bien sûr, vous l’aviez probablement deviné, mais il convient de le répéter. Avant de réduire votre épargne, et d’avoir à y piger pour boucler les fins de mois, faites d’abord une revue exhaustive de votre budget, suggère Annabelle Dumais, planificatrice financière, membre du cabinet Dumais Sauvageau Garon, SFL Gestion de patrimoine. « Est-ce qu’il y a des dépenses que je pourrais diminuer, négocier, éliminer ? Pourrais-je consommer plus intelligemment ? », demande-t-elle. Revoir son budget permet de replacer les choses en fonction de leur importance, ajoute François Martel, vice-président régional, planification financière, à la BMO. « Cela aide à déterminer où il faut faire des coupes pour maintenir son épargne. »

Des habitudes difficiles à changer

Faire les bons choix et réduire ses dépenses où il le faut. Facile à dire, et de nombreux Canadiens ont négligé de le faire l’année dernière. C’est ce que révèle le sondage de la BMO, qui estime que durant les six premiers mois de 2023, la plupart des gens n’avaient pas changé leurs habitudes de consommation malgré l’augmentation importante de l’inflation et la hausse des taux d’intérêt, note François Martel. Il met en cause la littérature financière qui suggérait souvent que tout serait mieux en 2024, alors que l’inflation se résorberait et que les taux d’intérêt baisseraient. Heureusement, une certaine conscientisation de la situation semblait finalement avoir eu lieu lors de la deuxième partie de l’année, selon lui.

PHOTO FOURNIE PAR LA BMO

François Martel, vice-président régional, planification financière, à la BMO

Automatiser votre épargne

Parce que les coûts augmentent partout, il est probablement illusoire de croire que l’on pourra de façon aléatoire conserver une certaine somme que l’on affectera au poste de l’épargne en fin d’année, ou à tout autre moment, croit Annabelle Dumais. C’est pourquoi il faut se doter d’un versement automatique à fréquence prévue dans un compte d’épargne, qui peut bien être le CELI. « S’il faut prendre cette habitude, c’est que le temps est notre meilleur allié », dit-elle. Les intérêts composés font une énorme différence sur le rendement que vous obtiendrez de vos épargnes en fin de compte. « Cesser d’épargner, ne serait-ce que temporairement, serait se priver de ce levier très puissant », estime-t-elle.

Gérer les contrecoups de l’hypothèque

Pour plusieurs, la hausse des taux d’intérêt est un facteur prépondérant parmi les nombreux effets négatifs de l’inflation. Et la plupart n’ont pas encore subi les contrecoups de la hausse de taux, n’ayant pas eu encore à renouveler leur hypothèque. Mais cela viendra bien tôt ou tard, prévient François Martel. Comment se prémunir contre cette hausse ? En estimant ce qu’elle sera et en commençant dès maintenant à mettre de l’argent chaque mois dans le CELI afin de s’habituer à cette hausse de dépenses fixes, explique-t-il. Si vous avez créé cette habitude, vous n’aurez pas à diminuer votre épargne lorsque la hausse des paiements prendra effet. Et si la hausse s’avérait moins élevée que prévu, ce sera ça de gagné en épargne.

CELI d’abord, REER ensuite

Pour gagner en flexibilité dans la gestion de vos liquidités, Annabelle Dumais suggère d’utiliser d’abord le CELI plutôt que le REER. L’idée est d’abord d’investir vos épargnes durant l’année dans le CELI jusqu’à concurrence de vos droits de cotisation, et de transférer ensuite la somme vers votre REER avant la fin de la période de cotisation. « De cette manière, vous éviterez de perdre des droits de cotisation REER dans le cas où vous auriez à faire un retrait dans votre REER aux fins de liquidité. Et pour le CELI, comme vous récupérerez vos droits l’année suivante, ce ne sera donc pas un enjeu », conclut-elle.