Jusqu’à la mi-quarantaine, le pomiculteur et cidriculteur Michel Jodoin ne voyait pas la nécessité de cotiser à un régime enregistré d’épargne retraite (REER). Désormais en semi-retraite, il vient de commencer à décaisser une partie de ce qu’il a accumulé dans son REER ces 20 dernières années. Et il en est ravi.

« Je ne voyais pas l’utilité de cotiser à un REER, précise-t-il. J’avais un bon salaire et j’avais mon entreprise qui allait bien. Je ne me posais même pas la question. »

C’est donc sur le tard que l’entrepreneur de 66 ans a fait connaissance avec le REER. « Je l’ai fait pour les avantages fiscaux », avoue-t-il. Le chef d’entreprise était alors conseillé par un employé d’une institution financière. Il a fait croître son pécule en investissant principalement dans des fonds communs.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Quelques produits de la Cidrerie Michel Jodoin

Il a eu d’assez bons rendements, reconnaît-il. Mais peu satisfait de l’approche et du manque de dynamisme, voire d’audace, de son institution financière, l’homme d’affaires a fait le saut chez un planificateur financier privé il y a six ans.

Actuellement, le portefeuille de Michel Jodoin se divise ainsi : un compte d’épargne libre d’impôt (CELI) (lequel représente 11 % de son portefeuille), un REER (29 %) et un compte ouvert (60 %). Ces pourcentages correspondent à la totalité de ses actifs répartis dans des comptes distincts.

Passer le flambeau

Michel Jodoin est immensément connu au Québec pour ses cidres (une vingtaine de sortes) et ses spiritueux. Il a été le premier au Canada à obtenir un permis de distillateur artisanal. Ses produits sont partout dans la Belle Province.

Après deux ans et demi de préparation (un moment relativement tough, dit-il), l’entrepreneur vient de passer le flambeau à son fils Philippe, à son neveu David Jodoin et à son gendre Jean-Philippe Lachapelle. Il reste toutefois actif (surtout pour ce qui est de la mise en marché et les ventes) dans l’entreprise, dont il demeure actionnaire, mais minoritaire.

Le fruit de cette transaction est placé en sûreté. Et Michel Jodoin, grand voyageur et sportif de l’extrême, en profite déjà. Une partie de ses revenus mensuels de semi-retraité proviennent de son REER, qui compte 70 % d’actions et 30 % d’obligations.

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Michel Jodoin

Même s’il peut encore le faire jusqu’à l’âge de 71 ans, l’entrepreneur ne cotise plus à son REER. « Pour la vente de l’entreprise, mon conseiller financier a planifié les décaissements pour limiter l’impôt à payer. Je continue tout de même à cotiser le maximum à mon CELI », détaille Michel Jodoin.

Une question de patience

Pionnier de la distillation artisanale, Michel Jodoin aime à faire un parallèle entre l’élaboration d’alcool et la préparation à la retraite. « Tout est une question de patience, explique-t-il. On a des liqueurs de pommes qui ont actuellement 20 ans d’âge. On vient qu’on oublie ces barils. Ce sont des trésors cachés. J’éduque ma relève là-dessus. Ils ont compris que c’est payant d’être patient. »

Son fils Philippe contribue à son propre REER, ce que le paternel trouve intéressant. « Quand on est jeune, on ne pense pas à cela. J’en suis l’exemple parfait, reconnaît-il. On a un programme de REER dans l’entreprise par lequel on cotise le même montant que l’employé. Le conseil que je peux donner : ouvrez un REER et cotisez selon vos moyens, même si c’est un petit montant. Et surtout, renseignez-vous et soyez bien accompagnés. »

Michel Jodoin est certes heureux d’avoir amorcé sa retraite en 2023. Du sport et des voyages, il compte en faire beaucoup dans les prochaines années. Mais certains éléments le préoccupent.

« C’est inquiétant à cause de la situation géopolitique, dit-il. On ne sait pas ce qui nous attend, surtout aux États-Unis avec l’élection présidentielle de cette année. Ça amène des interrogations. C’est là que c’est important d’avoir un portefeuille diversifié. »