L’offre de soutien à l’innovation au Québec est large et diversifiée : le Conseil de l’innovation du Québec recense 650 organisations et 200 programmes de financement dans la province. Or, cette abondance est un couteau à double tranchant puisqu’elle implique une recherche prenante pour les entreprises. Avec le réseau de conseillers qu’il déploie actuellement, le Conseil vise à faciliter le processus.

Divocco AI, une jeune pousse montréalaise lancée en novembre 2021, travaille sur des technologies médicales innovantes. Sa spécialité : l’automatisation de l’anesthésie.

La PME développe par exemple un appareil intelligent qui ajuste en temps réel les doses et les types de médicaments administrés aux patients, lors d’une anesthésie générale, en fonction de leurs signes vitaux.

« Pour avancer, nous avons besoin de fonds. Et nous en avons trouvé, il y a deux ans, auprès du CQDM [Consortium québécois sur la découverte du médicament] », raconte Thomas Hemmerling, un des cofondateurs. Mais la recherche, que l’entreprise a réalisée par elle-même, a été quelque peu laborieuse.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE

Divocco AI, une jeune pousse montréalaise lancée en novembre 2021, travaille sur des technologies médicales innovantes.

Trouver du financement, c’est toujours un problème. C’est difficile de repérer tous les programmes offerts dans notre secteur, et d’en trouver qui soutiennent notre type de projet en particulier.

Thomas Hemmerling, cofondateur de Divocco AI

Aujourd’hui, celui qui est aussi professeur à la faculté de médecine de l’Université McGill solliciterait plutôt le Conseil de l’innovation, après avoir appris que celui-ci peut aider les entreprises dans leurs recherches.

Déployer des conseillers

L’innovation se caractérise peut-être avant tout par cette notion d’incertitude, avance Benoit Labbé, directeur principal des partenariats et écosystèmes au Conseil de l’innovation du Québec. « Sur dix projets, un seul connaîtra un succès, comme la commercialisation d’un nouveau produit ou le développement d’une nouvelle application. »

Quand les risques sont perçus comme trop importants, les entreprises hésitent naturellement à aller de l’avant. C’est pour cette raison qu’un nombre de programmes est offert pour soutenir les PME – pour « dérisquer » l’opération et donc encourager l’innovation.

Benoit Labbé dénombre quatre manières de soutenir les entreprises. La première est l’aide à la réalisation, c’est-à-dire un soutien technique qui englobe les centres de recherche. La deuxième repose sur le conseil et l’accompagnement. Ce type d’aide permet notamment de mieux planifier le projet et de s’assurer que celui-ci réponde à un véritable besoin sur le marché.

La troisième forme de soutien et de « dérisquage » est celle du réseautage, qui peut se faire par exemple à travers des associations professionnelles et sectorielles, ou encore des communautés de pratique. « Mieux réseauter, c’est s’aider à mieux comprendre les enjeux de commercialisation, l’écosystème et les partenaires d’affaires », dit Benoit Labbé. Le dernier type de soutien est celui du financement.

Devant cette mer de ressources, le Conseil de l’innovation travaille depuis janvier dernier à déployer un réseau de conseillers en innovation.

À l’heure actuelle, environ 160 conseillers ont été attestés alors qu’une soixantaine d’autres sont en formation – un nombre qui dépasse de plusieurs fois les attentes initiales de l’organisme.

Travaillant pour des MRC, des sociétés de développement économique et des espaces régionaux d’accélération et de croissance, par exemple, ceux-ci ont pour mission de rencontrer les entreprises et de les aider à dénicher les bonnes ressources.

« Ils ont trois fonctions, dit Benoit Labbé. Ils valident les projets d’innovation, ils comprennent les besoins et aiguillent les entrepreneurs vers les bons programmes et organismes. »

Comment trouver un conseiller ? Le directeur suggère aux entreprises de communiquer avec le Conseil de l’innovation, qui pourra les rediriger.

« Les conseillers sont vraiment utiles parce qu’ils décèlent parfois des besoins que vous n’aviez pas décelés », dit-il. Certaines entreprises pensent avoir seulement besoin de fonds, par exemple, mais une analyse plus approfondie permet de constater que leur produit n’est pas tout à fait à point.

« Un conseiller pourra alors lui référencer du soutien technique ou technologique, ce qui l’aidera non seulement à faire gagner son produit en maturité, mais aussi à obtenir plus facilement son financement. »