Quelle est la meilleure stratégie marketing pour une PME qui veut accroître ses ventes ? Les moteurs de recherche ou les réseaux sociaux ? Sylvain Amoros, professeur associé au département de marketing de HEC Montréal, et Sandrine Prom Tep, professeure agrégée au département de marketing de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM, débattent de la question.

Qui sont vos clients ?

Les deux experts sont catégoriques : avant d’aborder la question de la stratégie, il faut savoir à quel client on souhaite s’adresser (âge, genre, situation géographique, revenus, etc.) et sur quelle plateforme il est possible de l’accrocher. « On ne fait pas de publicité à l’aveugle. Il vaut mieux cibler que de faire une campagne à un public de masse », affirme Sandrine Prom Tep. Sylvain Amoros ajoute qu’il est important de définir son objectif et d’évaluer les coûts d’une telle campagne versus les ventes envisagées. « Une campagne publicitaire sur l’internet, ce n’est pas magique. Il faut six à sept impressions avant de susciter un engagement d’un client. »

Pour savoir quel public rejoint TikTok, YouTube, Facebook et autres, Sylvain Amoros suggère de trouver une personne qui connaît l’environnement des réseaux sociaux, que ce soit un consultant ou une personne à l’interne. « Il n’y a pas de place à l’improvisation. Il faut bien faire les choses, sinon on ne les fait pas. On ne se lance pas si on ne s’y connaît pas. »

Quel canal choisir ?

Pour Sylvain Amoros, Google est le meilleur canal. « Les consommateurs choisissent de plus en plus leurs achats en fonction de l’image des entreprises. Si on choisit de s’afficher, donc de s’associer à un canal qui ne s’occupe que de ses profits sans égard aux personnes, à la société, à la planète et qui ne veut pas payer d’impôt, quelle perception les gens auront-ils de vous ? Plusieurs entreprises ont compris et se retirent de ces réseaux. » Selon l’expert, Google reste la meilleure option, à défaut d’avoir un moteur de recherche canadien et parce que celui-ci est toujours à la table de négociation avec Ottawa en vue de trouver une entente sur le partage des revenus des géants du web.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE

Sandrine Prom Tep, professeure agrégée au département de marketing de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM

Sandrine Prom Tep n’est pas aussi catégorique. Elle constate une tendance de retrait des réseaux sociaux, mais elle ne ferme pas la porte à ces plateformes. « Les gens sont encore là. » Comme son collègue, elle confirme l’efficacité des moteurs de recherche. Le retour sur l’investissement y est davantage garanti parce que l’internaute qui le consulte est déjà à la recherche du produit, selon l’experte.

Sites web et médias locaux

Pour des dépenses similaires, Sylvain Amoros croit qu’investir dans les médias locaux est une façon de revenir à un certain équilibre. Pour ceux qui ont moins de budgets, les deux experts suggèrent d’utiliser des outils moins onéreux comme les infolettres et les sites web. « Il vaut mieux investir pour avoir un site internet qui fonctionne sur les cellulaires et qui est mis à jour régulièrement », estime Sylvain Amoros. Sandrine Prom Tep pose d’ailleurs la question : « Avons-nous toujours besoin des multinationales ou si on ne peut pas établir notre stratégie numérique par nous-mêmes ? »

Les influenceurs, on embauche ou pas ?

Quand on parle de stratégies de marketing sur les réseaux sociaux, la question des influenceurs revient assurément. Sylvain Amoros est d’avis qu’il n’est plus pertinent de payer pour un tel service. « Du moment où l’on paie, on perd toute notion d’objectivité. » Sandrine Prom Tep nuance sa réponse. Oui, le métier a été malmené au cours des dernières années en raison notamment de problèmes éthiques, mais elle ne rejette pas totalement cette option. « Les influenceurs ont encore leur place dans une stratégie de marketing numérique. Il faut toutefois qu’il soit en phase avec le produit, que ce soit au niveau des valeurs et de son créneau d’expertise. Encore une fois, si ses fans sont nombreux et correspondent à votre clientèle, c’est une stratégie qu’il faut considérer. »