Cloé Dutil étudie le génie logiciel à l’École de technologie supérieure (ETS), à Montréal, une discipline encore à prédominance masculine. Une situation particulière, mais qui ne l’empêche pas de se sentir à la bonne place.

Pourquoi avoir choisi le génie logiciel ?

Dans ma famille, on est tous en informatique, mais je ne pensais pas que j’étudierais dans ce domaine. J’ai essayé beaucoup de choses. Au secondaire, j’ai fait de la réseautique… et j’ai détesté ça ! Après, j’ai touché un peu aux jeux vidéo, mais c’est en découvrant le robot chirurgical Da Vinci au cégep que je me suis dit que j’allais programmer des robots chirurgicaux. Dans une vidéo, il enlevait la pelure d’un raisin, la remettait et faisait une suture : j’ai trouvé ça vraiment impressionnant. Puis, j’ai découvert que j’aimais vraiment la programmation en étudiant en sciences de la nature, profil santé.

Quels défis devez-vous relever ?

Il y a peu de femmes autour de moi en classe. J’ai eu une seule prof et, parce que je voyais peu de femmes, j’ai eu de la difficulté à me projeter dans l’avenir, à me dire que je pourrais enseigner à l’université ou réussir ma carrière. Peu de profs femmes ont un background en génie logiciel. C’est surtout dans les cours spécialisés que je remarque qu’on est peu qui ne sont pas des hommes. Je peux me retrouver seul.e dans une classe d’hommes. Mais jamais on ne m’a fait sentir que je n’étais pas à ma place.

Vous êtes chef.fe de la Délégation des compétitions en informatique. Qu’est-ce que ce genre d’activités vous apporte ?

Les clubs font grandement partie de la vie étudiante à l’ETS. La Délégation des compétitions en informatique (DCI) me permet de m’améliorer, de m’exercer sans jugement, de rencontrer des gens passionnés, investis ; leurs yeux brillent quand ils parlent. Durant la pandémie, je me suis rendu compte que c’était important pour moi de ne pas faire juste du génie logiciel, en cours et dans les clubs étudiants – c’était trop ! J’ai voulu orienter mon engagement étudiant vers autre chose. Dans le comité exécutif de la DCI, je m’occupe de la logistique des compétitions.

Vous avez remporté le prix Excelle Science décerné dans le cadre du concours Chapeau, les filles !. Pourquoi ce type de concours demeure-t-il pertinent ?

En plus du soutien financier, les bourses soulignent le parcours extraordinaire des candidates. Certains parcours m’émerveillent ! C’est le fun de souligner leur diversité aussi.

À quoi aspirez-vous ?

Je souhaite retourner à la source de ce qui m’a amené.e en génie logiciel : la robotique médicale. L’aérospatiale m’intéresse aussi. D’ailleurs, dans ma candidature d’Excelle Science, je disais que, quand j’étais enfant, je voulais devenir « chirurgien du cerveau dans l’espace ». Je suis touche-à-tout, beaucoup de domaines me fascinent.

Que diriez-vous pour encourager des gens à étudier le génie logiciel ?

Ce qui est magnifique avec l’informatique, c’est que c’est tellement vaste. On peut faire tant des sites web que de la robotique, toucher à l’intelligence artificielle, à l’expérience utilisateur… Tout le monde peut trouver quelque chose qui l’intéresse et l’associer au génie logiciel.